La plate-forme Telegram compte près d'un milliard d'utilisateurs. / Photo: AFP (AFP)

Pavel Durov fait l’objet d’un ”mandat de recherche” émis par l’Office français de lutte contre les violences faites aux mineurs. La justice française reproche à Telegram l’absence de modération et son refus de coopérer avec les enquêteurs et autorités.

Les messages du réseau russe ne sont pas chiffrés. L’entreprise et ses équipes peuvent avoir accès aux publications mais ils ont toujours refusé de le faire au grand dam des services de renseignements français, américains et autres.

Le Kremlin s’en est donc donné à cœur joie ce mardi en commentant cette arrestation. "Il est évident que ce n'est rien d'autre que de la politique", malgré les démentis du président français Emmanuel Macron, a ajouté M. Peskov, porte-parole de la Présidence russe. La Russie a demandé qu'on lui accord une visite consulaire pour assister son ressortisant Pavel Durov.

En effet, Pavel Durov a toujours refusé de coopérer au nom d’un principe libertaire et également pour se distinguer d’autres réseaux qui ont, selon les zones géographiques, pris des mesures pour continuer à opérer. Telegram est effectivement utilisé par des groupes politiques qui cherchent à passer sous le radar des autorités, mais est aussi utilisé par des réseaux criminels, selon ses détracteurs.

Celui qu’on surnomme le “Mark Zukerberg russe” s’est forgé une image d’opposant au pouvoir autoritaire. Il place la défense de la liberté d'expression au-dessus de tout. En 2014, il a dû quitter la Russie justement pour avoir refusé de donner les coordonnées des opposants à Poutine et des militants pro-européens ukrainiens.

L’entrepreneur naturalisé français en 2013 est aujourd’hui à la tête d’un réseau qui compte près d’un milliard d’utilisateurs.

L’UE veut aussi mettre au pas les réseaux sociaux

Ce mardi, la Commission européenne se distancie du cas Telegram. Dans un communiqué, elle rappelle que les poursuites criminelles n’étaient pas prévues dans le nouveau règlement de l’Union européenne sur les services numériques. Ce règlement n’établit pas ce qui est criminel et ce qui ne l’est pas. Le DSA (Digital Services Act), le règlement sur les services numériques veut “protéger le consommateur de contenus dangereux.”

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Malgré tout, les 27 pays européens ont bel et bien décidé de surveiller les réseaux sociaux. Depuis février 2024, le nouveau règlement sur les services numériques (DSQ) est entré en vigueur, les plateformes ont désormais l’obligation de mettre en place des mesures pour limiter les risques de propagation de fausses informations.

La Commission européenne, qui est de facto le gendarme du numérique pour les 27 pays européens, peut infliger des amendes conséquentes. Elle espère ainsi contrôler les publications faites sur les plateformes mais cette volonté de mise au pas énerve particulièrement Elon Musk et son réseau X.

Elon Musk, le patron de X en bisbille avec l’UE

En juillet dernier, le commissaire européen chargé du numérique, Thierry Breton, accusait X de tromper ses utilisateurs avec ses coches bleues censées certifier des sources d’information dignes de confiance. “Cette tromperie est une violation des règles européennes”, avait-il ajouté.

Cette certification est en effet minimale mais la petite phrase a mis en fureur Elon Musk qui a accusé l’UE de vouloir censurer des contenus sans le dire vraiment. Il a écrit sur son compte X : “Le DSA EST de la désinformation !“. L’UE accuse également X de publier de fausses informations, voire des contenus illégaux.

TikTok sous pression dans l’Union Européenne

Le réseau chinois est sous pression aux Etats-Unis où des représentants du Congrès ont demandé son interdiction mais si dans l’UE les tensions sont moindres, en avril dernier le réseau a dû suspendre son application TikTok Lite sur demande de la Commission européenne. Cette nouvelle application avait été lancée en France et en Espagne, fin mars 2024. Concrètement, elle propose de gagner des pièces virtuelles convertibles en carte-cadeau plus on visionne de vidéos.

TikTok Lite représentait de "graves risques pour la santé mentale des utilisateurs", selon la Commission européenne. L’organisation avait lancé une enquête, le réseau a de suite obtempéré pour éviter une suspension dans les 27 pays de l’UE.

L’influence grandissante des réseaux sociaux lors des campagnes électorales européennes ou nationales, lors des mouvements sociaux, a conduit l’Union européenne à réglementer les publications. Les pays européens dénoncent régulièrement les ingérences de pays comme la Russie.

Le tournant a eu lieu en 2018. De nombreux pays poussaient à une surveillance européenne accrue, notamment la France et l’Allemagne, ele code de bonnes pratiques auquel les plateformes sociales s’étaient engagées n’étant plus suffisant, selon les pays membres de l’UE.

TRT Français et agences