Le président français Emmanuel Macron prononce son discours, au palais de l'Élysée à Paris / Photo: Reuters (Reuters)

Le président Emmanuel Macron a exposé lundi à Paris aux ambassadeurs français ses priorités de politique étrangère en 2025.

Souveraineté européenne

Les Européens doivent aller "beaucoup plus vite et beaucoup plus fort" pour renforcer leur industrie de défense face à la montée des menaces, a déclaré Macron.

"La question est de savoir si les Européens veulent, pour les 20 ans qui viennent, produire ce qui sera nécessaire à leur sécurité ou pas", car "si nous dépendons de la base industrielle et technologique de défense américaine, alors nous aurons de cruels dilemmes et des dépendances stratégiques coupables", a-t-il insisté à l'occasion de la conférence des ambassadeurs de France réunis à Paris.

Il a affirmé que les Ukrainiens auraient "à mener des discussions réalistes sur les questions territoriales", car "eux seuls peuvent les conduire", pour trouver un règlement au conflit provoqué par l’offensive russe en 2022.

"Les Etats-Unis d'Amérique ont à nous aider pour changer la nature de la situation et convaincre la Russie de venir à la table des négociations", tandis que les Européens auront à "construire des garanties de sécurité" pour l'Ukraine "qui seront leur responsabilité au premier rang", a estimé le président français.

Contrairement au président élu des Etats-Unis Donald Trump qui avait promis un règlement express, Macron juge qu'il n'y aurait "pas de solution rapide et facile en Ukraine". .

"Le nouveau président américain sait lui-même que les Etats-Unis n'ont aucune chance de gagner quoi que ce soit si l'Ukraine perd", et une "capitulation de l'Ukraine ne saurait être bonne pour les Européens et les Américains", a argué le président français.

Moyen-Orient

Le chef de l'Etat a évoqué la Syrie, où s'est rendu le 3 janvier le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot pour rencontrer Ahmad Al-Sharaa qui a pris les rênes du pays le 8 décembre après la fuite de l'ex-président syrien Bachar al-Assad.

Macron a appelé à "regarder sans naïveté le changement de régime en Syrie". La France accompagnera "dans la durée" la transition en faveur "d'une Syrie souveraine, libre et respectueuse de sa pluralité ethnique, politique et confessionnelle", a-t-il assuré.

Pour Macron, l’Iran constitue le "principal défi stratégique et sécuritaire" au Moyen-Orient, et serait une question prioritaire dans le dialogue qu’il engagera avec la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

"L’Iran, c’est le principal défi stratégique et sécuritaire pour la France, les Européens, toute la région et bien au-delà. L’accélération de son programme nucléaire nous amène tout près du point de rupture", a-t-il soutenu.

"L’Afrique a oublié de dire merci"

La France a eu "raison" d'intervenir militairement en Afrique "contre le terrorisme depuis 2013", mais les dirigeants africains ont "oublié de nous dire merci", a déclaré Macron, estimant qu'"aucun d'entre eux ne serait aujourd'hui avec un pays souverain si l'armée française ne s'était pas déployée". "C'est pas grave, ça viendra avec le temps", a-t-il ironisé.

"Non, la France n'est pas en recul en Afrique, elle est simplement lucide, elle se réorganise", a-t-il avancé au sujet du départ des troupes françaises de la Côte d’Ivoire et du Sénégal qui ont emboîté le pas à des pays du Sahel dont le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Seuls le Gabon et Djibouti continuent d'accueillir une présence militaire française en 2025.

Accusation de Musk

Macron a accusé sans le citer le patron de X, Elon Musk, de soutenir “une nouvelle internationale réactionnaire” et d'ingérence dans les élections, notamment en Allemagne.

"Voilà dix ans, si on nous avait dit que le propriétaire d'un des plus grands réseaux sociaux du monde soutiendrait une nouvelle internationale réactionnaire et interviendrait directement dans les élections, y compris en Allemagne? Qui l'aurait imaginé ?", a lancé le président.

Enfin, le président français estime que l'Algérie se "déshonore" en retenant en détention l'écrivain Boualem Sansal.

Placé en détention pour "atteinte à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale du pays", l'arrestation de l’écrivain Boualem Sansal a soulevé l’indignation du microcosme politico-médiatique français où ses prises de position ont fait polémique.

TRT Français et agences