Emmanuel Macron "n'est pas le bienvenu en RDCongo", clament vendredi une vingtaine de mouvements citoyens dans un communiqué diffusé à la veille de la visite à Kinshasa du président français, à qui les Congolais demandent de sanctionner le Rwanda pour son soutien à la rébellion du M23.
Dans un autre texte publié par la presse, quelque 150 ONG "interpellent" Emmanuel Macron et précisent leurs demandes: "condamner l'agression" du Rwanda, "soutenir l'appel aux sanctions" contre Kigali, et "aider la RDC à organiser sa légitime défense".
Les rebelles du M23, qui ont repris les armes fin 2021, ont conquis de larges pans de territoire dans la province du Nord-Kivu, dans l'est de la RDC, et restent à l'offensive en dépit d'initiatives diplomatiques lancées pour tenter de régler le conflit.
Depuis le début, Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement cette rébellion, ce qui est contesté par Kigali mais a été confirmé par des experts de l'ONU et dénoncé par plusieurs pays occidentaux.
Le gouvernement français notamment, en décembre dernier, a condamné le soutien rwandais au M23, mais pour Kinshasa, cela ne va pas assez loin. Paris doit "prendre des mesures contre le Rwanda", a déclaré mercredi soir le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.
Le matin, quelques dizaines de jeunes avaient manifesté devant l'ambassade de France en brandissant des drapeaux russes au-dessus de banderoles aux slogans hostiles à la France.
Dans leur communiqué diffusé vendredi, les organisations de la société civile et mouvements citoyens se démarquent des slogans prorusses. "Nos actions ne devraient en aucun cas être interprétées comme un soutien à d'autres puissances comme la Russie ou la Chine", écrivent-ils.
Mais ils reprochent à la France de n'avoir pris jusqu'à présent "aucune sanction diplomatique et encore moins économique contre le régime de Kigali" et, plus généralement, l'accusent de "s'illustrer par sa politique de deux poids deux mesures face à des régimes autocratiques, garants de la Françafrique, qui maintiennent leur population dans l'assujettissement".
Jeudi au Gabon, première étape de sa tournée en Afrique centrale, Emmanuel Macron a martelé que l'âge de la Françafrique était "révolu" et que la France était désormais un "interlocuteur neutre" sur le continent.
Le président français était vendredi matin en Angola et devait se rendre dans l'après-midi à Brazzaville, avant de rejoindre dans la soirée Kinshasa, sur l'autre rive du fleuve Congo, où il passera toute la journée de samedi.