"Il n'est pas trop tard pour empêcher la mise en œuvre forcée d'un audiovisuel public au rabais. Ne brisez pas un service public qui marche", plaident les signataires - parmi lesquels des figures de l'antenne, Léa Salamé, Nicolas Demorand ou Nagui - à la veille de l'examen de ce projet de réforme par l'Assemblée nationale.
Après une holding en 2025, le projet du gouvernement français prévoit une fusion des sociétés de l'audiovisuel public au 1er janvier 2026. Pour la ministre de la Culture, Rachida Dati, il s'agit de "rassembler les forces" des diverses entités, France Télévisions, Radio France, l'Ina (Institut national de l'audiovisuel) et France Médias Monde (RFI, France 24).
L'intégration de cette dernière société, qui s'est imposée dans le paysage audiovisuel mondial, fait toutefois débat.
Les syndicats de ces sociétés publiques ont appelé à la grève jeudi et vendredi contre ce projet, qui concerne quelque 16.000 salariés.
"Le risque est avant tout démocratique. Nous craignons pour l'indépendance de vos médias de service public lorsque l'on nommera, pour cette superstructure, un ou une PDG unique, aux pleins pouvoirs", pointent les signataires de la tribune, journalistes, animateurs, producteurs, techniciens, ou administratifs de France Inter, France Culture, France Musique et franceinfo.
"Radio France est une incroyable machine à promouvoir la culture et, mieux, la diversité culturelle", or "la fusion des télés et radios va conduire à la réduction de ces vitrines-là", argumentent-ils également.
Ainsi, "vouloir fusionner tout l'audiovisuel public nous semble démagogique, inefficace et dangereux", soulignent-ils, particulièrement inquiets à l'idée que la radio puisse être phagocytée par la télé.
Ils mettent aussi en avant l'opposition manifestée à ce projet par cinq anciens ministres de la Culture.
Sur France Inter mercredi, le député Renaissance du camp présidentiel, Quentin Bataillon, un des promoteurs de cette fusion, a martelé qu'il s'agit de "réformer rapidement pour additionner les forces, jamais les soustraire".
La France "fait partie des anomalies européennes avec des sociétés éclatées" et "le statu quo n'est plus possible" face à la concurrence des plateformes et réseaux sociaux, selon lui.
"Cette réforme va permettre l'alignement par le haut des salaires de Radio France", a-t-il aussi relevé.