Les deux finalistes de l'élection présidentielle en France, le sortant centriste libéral Emmanuel Macron et son adversaire d'extrême droite Marine Le Pen, observent le silence samedi, au lendemain de la clôture de la campagne officielle d'un scrutin lourd de conséquences pour le pays.
Les derniers sondages donnent M. Macron vainqueur de cette réédition du duel de 2017, avec un écart moins important que les 66% obtenus il y a cinq ans, mais l'abstention pourrait rebattre les cartes. Les deux camps craignent une démobilisation de leurs électeurs, a fortiori en cette période de vacance s scolaires de printemps dans tout le pays.
Quel que soit le vainqueur, ce vote aura une portée historique : M. Macron deviendrait le premier président réélu depuis Jacques Chirac en 2002 (et le premier à l'être hors période de cohabitation avec un gouvernement d'un autre bord politique depuis la désignation du chef de l'Etat au suffrage universel direct en 1962), et Mme Le Pen la première femme et la première dirigeante d'extrême droite à accéder au pouvoir suprême.
Depuis vendredi minuit (22H00 GMT), réunions publiques, distributions de tracts et propagande numérique des candidats sont interdites.
Et aucun sondage ne pourra être publié avant les premières estimations diffusées dimanche à 20H00 (18H00 GMT).
Jusqu'à la dernière minute, chacun des deux candidats a exhorté ses partisans à se rendre aux urnes, faisant valoir que rien n'était joué, quels que soient les prévisions ou les enquêtes d'opinion.
Emmanuel Macron a achevé cette campagne engagée tardivement pour cause de guerre en Ukraine par un meeting à Figeac dans le département rural du Lot (centre), tandis que Marine Le Pen, qui sillonne le pays depuis de nombreux mois, a terminé la sienne dans s on fief du Pas-de-Calais (nord), dont elle est députée.
Les deux concurrents ont courtisé les électeurs du candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième le 10 avril, talonnant Mme Le Pen avec près de 22% des voix.
"Troisième tour" en juin ?
Dimanche, quelque 48,7 millions d'électeurs sont appelés aux urnes à partir de 06H00 GMT.
En raison du décalage horaire, les collectivités d'outremer de Guadeloupe, Guyane, Martinique, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon et de Polynésie française votent à partir de samedi.
La campagne a été largement occultée par la crise sanitaire puis la guerre en Ukraine, qui grève le pouvoir d'achat, première préoccupation des Français, en raison des répercussions du conflit sur les prix de l'énergie et de l'alimentation.
Pour attirer les électeurs de M. Mélenchon, Marine Le Pen a promis de protéger les plus vulnérables pendant qu'Emmanuel Macron opérait un virage serré à gauche, s'engageant à mettre l'écologie au centre de son action.
Le débat télévisé mercredi mercredi soir entre les deux candidats qualifiés pour le second tour a révélé au grand jour leurs profondes divergences sur l'Europe, l'économie, le pouvoir d'achat, les relations avec la Russie, les retraites ou l'immigration.
Quel que soit le vainqueur, les élections législatives prévues en juin pourraient se transformer en "troisième tour", l'obtention d'une majorité parlementaire s'annonçant difficile pour Marine Le Pen comme pour Emmanuel Macron.
Jean-Luc Mélenchon a d'ailleurs affiché son ambition de devenir Premier ministre et d'imposer ainsi une cohabitation, visant un vote massif en faveur des députés de son parti, La France Insoumise, qui a déjà engagé des tractations avec les autres formations de gauche.
Par ailleurs, un autre troisième tour pourrait se jouer dans la rue, sur le modèle de la contestation populaire des "Gilets jaunes" en 2018-2019, notamment sur le projet de réforme des retraites d'Emmanuel Macron qui cristallise une forte hostilité dans une partie de l'opinion.
Si c'est Marine Le Pen qui l'emporte, les secousses risquent de se faire ressentir dès dimanche soir, avec une plongée dans l'inconnu dès le lendemain.