Paris, centre du monde de l'intelligence artificielle. Plus de 1000 chefs d'État et spécialistes de l’IA sont rassemblés pour deux jours dans la capitale française. La Chine et les Etats-Unis seront représentés par leurs vice-présidents respectifs. Elon Musk pourrait faire le voyage, des chercheurs, des ingénieurs spécialistes de l’IA sont à Paris.
Pour Emmanuel Macron, l’idée est de dessiner une voie du milieu dans ce secteur et susciter une dynamique entre l'Europe et les pays émergents pour développer leur secteur d’intelligence artificielle.
“C’est un message fort de l’existence d’une voie de développement de l’IA pour des pays émergents, aux côtés de l’Europe notamment”, explique Anne Bouverot, l’envoyée du président français au Sommet.
Le président français répète à l’envi depuis des années que l’Europe doit se créer une place dans le développement de l’IA et qu’elle ne doit pas dépendre de Chat GPT. On sait que l’Europe n’a pas réussi à développer un moteur de recherche européen, qu’elle a raté la vague des réseaux sociaux, alors est-ce inéluctable qu’elle rate le pari de l’IA ?
Le président français veut croire que non: “On doit aller plus vite et plus fort pour concurrencer les Etats-Unis et la Chine”, a-t-il déclaré.
Quel est le but de ce sommet ?
Paris a décidé de soutenir le développement de l’IA “ouverte”, c’est-à-dire des logiciels libres accessibles gratuitement et modifiables par les développeurs et les entreprises.
Sur le papier, cela permet de créer un partage de la recherche entre privé et public.
La création d’une fondation pour l’IA, dotée d’un budget de 2,5 milliards d’euros de fonds publics sur 5 ans, doit être annoncée lors de ce sommet.
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La France ne part pas de zéro dans le domaine même si ce sont les Etats-Unis et la Chine qui dominent la recherche. La start-up phare en intelligence artificielle, Mistral AI, a marqué des points. Elle a par exemple signé en janvier 2025 avec l’Agence France Presse un partenariat qui permet désormais à un robot de répondre aux demandes des utilisateurs, en puisant dans les dépêches de l’agence. Les données sont très prisées par l’IA car c’est comme cela qu’elle apprend. En engrangeant des données, des faits, cela lui permet d’apprendre à discerner des images, des sons ou des comportements.
Mais a contrario, Le Monde a choisi, à l’instar du journal économique britannique Financial Times, ou encore le groupe allemand Springer (Bild), l’américaine Open AI pour signer un partenariat. Ainsi, Open AI puise depuis 2024 dans les articles du quotidien de référence français, le Monde, pour nourrir son ChatGPT.

109 milliards d’euros d’investissements
Le président français veut faire de la France un centre du développement de l’IA. Emmanuel Macron a annoncé dimanche soir sur France Télévisions un investissement de 109 milliards d’euros en France pour soutenir et développer le secteur.
Le chiffre de 109 milliards d’euros correspond à des projets de centres de données nécessaires pour entraîner et faire fonctionner les IA. Les puces utilisées pour les calculs sont extrêmement chères.
Cet argent va provenir de différents investissements. Jeudi dernier, les Émirats arabes unis ont annoncé un partenariat de 30 à 50 milliards d’euros avec la France pour un centre de données dans un campus qui serait le plus grand d’Europe.
Suit l’investissement du fonds canadien Brookfield. Celui-ci a promis 20 milliards d’euros pour un centre de données qui sera situé à Cambrai dans le Nord.
On peut y ajouter quelques investissements français, dont celui de la start-up d’IA Mistral qui annonce la création de son propre centre de données, qui sera installé dans l'Essonne.
Face à l’IA, l’Union européenne développe un cadre légal. Bruxelles a légiféré sur les réseaux sociaux (DSA) et sur les plateformes de marchés numériques (DMA). L’AI Act, la législation de l’UE pour le secteur, entrée en vigueur le 2 février dernier, est la plus ambitieuse du monde.
Elle s’applique à toute intelligence artificielle même si celle-ci est développée ailleurs qu’en Europe. Elle interdit toute utilisation des IA qui est risquée comme toute IA qui vise à manipuler ou induire en erreur une personne, ou une IA qui permettrait d’identifier des personnes à distance pour des motifs de répression.
L’UE essaie, pour l’instant, de protéger les Européens, mais n’a pas ouvert la voie au développement de ce secteur sur le vieux continent. En 2021, l’UE a annoncé son intention de doper les investissements publics et privés dans l’IA pour atteindre un total de 20 milliards d’euros par an en Europe !
On est loin des 500 milliards d’investissements annoncés en janvier par Donald Trump pour développer un réseau d’IA aux États-Unis.