L’association d’aide sociale de Nancy, l’AARS (association accueil et réinsertion sociale) s’est dite surprise de la polémique et l’intérêt des médias pour l’affaire de ses deux salariées qui refusent d’ôter le voile malgré l’injonction de leur employeur.
Deux employées, salariées depuis plusieurs années qui, de l’aveu même de l’association, sont compétentes, se sont vues notifier par leur employeur qu’elles devaient ne plus porter leur voile au travail.
L’AARS a changé son règlement intérieur cet été et il oblige à une totale neutralité. La direction met en avant le respect de la laïcité et la loi sur le séparatisme de 2021.
Les deux femmes en question ont fait savoir cette semaine qu’elles refusaient d’ôter leur voile. Elles sont soutenues par plusieurs syndicats. Le syndicat CGT demande le retrait du règlement, le maintien des deux femmes à leurs postes et la création d’un groupe de travail pour définir la façon d’appliquer le principe de neutralité.
Le syndicat Sud est sur la même ligne et parle d’excès dans l’interprétation de la loi. Il promet d’aller en justice pour contester la légalité de cette mesure.
La ligue des droits de l’Homme vient d'apporter son soutien aux deux femmes, qui sont actuellement en arrêt de travail.
Quelle porte de sortie pour l’AARS ?
La direction assure qu’elle privilégie le dialogue pour mettre un terme à cette histoire, sans pour autant donner d’indications sur sa disposition à envisager l’abandon de son nouveau règlement. Cette association qui assure des missions de travail social a reçu une délégation de service public et, à ce titre, elle estime qu’elle se doit d’appliquer un principe de laïcité stricte.
La présidente de l’association Valérie Jurin a expliqué, sur France 3, qu’elle qu’elle espérait que les deux femmes accepteraient de retirer leur voile pendant leurs heures de travail. “Il y a des milliers de personnes en France qui travaillent dans les organismes publics et qui ôtent leurs signes religieux dans leurs fonctions, puis les remettent en quittant leurs postes. On pensait par le dialogue pouvoir arriver avec elles à cette solution", a-t-elle expliqué.
Dans le magazine Marianne, Guylain Chevrier, enseignant à l'université et ancien membre de la mission laïcité du Haut Conseil à l'intégration, explique que le secteur associatif, bien que régi par le droit privé (Code du travail), peut se voir appliquer des dispositions juridiques imposant la neutralité, notamment religieuse, des personnels. Il cite, à ce sujet, la loi contre le séparatisme de 2021 mais également des décisions de la Cour européenne des droits de l’homme de 2017 qui a statué que le principe de neutralité s’applique aux relations avec la clientèle (les usagers dans le social) si les manifestations ostensibles des convictions peuvent s’opposer au bon fonctionnement de l’entreprise.
Les deux salariées de l’AARS n’ont jamais créé de tension à cause de leur voile dans l’exercice de leur fonction, affirment les syndicats. L’association l’a admis lors de plusieurs interviews, les deux femmes employées depuis plusieurs années n’ont jamais posé de problèmes.