Une invitation miroir ? Oui mais pas seulement. Six mois après la visite du Premier ministre indien pour la célébration du 14 juillet à Paris, c’est au tour du président français, Emmanuel Macron d’être l’invité d’honneur de Narendra Modi pour les célébrations du Jour de la République, la fête de Constitution indienne, ce vendredi 26 janvier.
Pour cette visite, Emmanuel Macron est accompagné de plusieurs ministres : des Armées Sébastien Lecornu, des Affaires étrangères Stéphane Séjourné et de la Culture Rachida Dati. Une quinzaine de chefs d'entreprise, dont les PDG d'EDF, de Dassault Aviation, Naval Group et du CAC 40 ont également fait le déplacement.
La visite d'Emmanuel Macron en Inde intervient en remplacement du président américain Biden qui aurait décliné l'invitation pour des raisons d'agenda. Olivier Da Lage, spécialiste de l'Inde et chercheur associé à l'IRIS, souligne à TRT français l'importance de cette rencontre dans le contexte des relations franco-indiennes.
Selon Da Lage, Macron et Modi entendent renforcer un partenariat ancien. « L’un et l 'autre s’appuient mutuellement pour se faire une place sur la scène internationale dominée par la Chine et les Etats-Unis »
Selon Da Lage, la France est « louée en Inde pour son autonomie stratégique, établie depuis le partenariat signé en 1998 par Jacques Chirac, et pour ne pas avoir sanctionné l'Inde après les essais nucléaires de 1998. » La visite d'Emmanuel Macron, vise à approfondir les liens existants, notamment dans les domaines militaire et nucléaire, bien que le spécialiste insiste sur le fait que des annonces concrètes ne peuvent être attendues à court terme notamment concernant les contrats potentiels ( évoqués lors de la visite de Modi à Paris), dont la possibilité d'acquérir 26 Rafales pour la Marine, 3 sous-marins Scorpène supplémentaires construits à Bombay, et une feuille de route s'étendant jusqu'en 2047, marquant le 100ᵉ anniversaire de l'indépendance de l'Inde.
Comment expliquer que l'Inde soit devenue un partenaire stratégique si important pour la France ? Da Lage souligne que cette coopération a des racines profondes remontant aux années 50 et fait également remarquer que les deux pays choisissent maintenant de l'afficher publiquement. La France, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, et l'Inde, aspirant à ce statut, cherchent à tracer leur chemin indépendamment des alignements traditionnels.
Persécution des Musulmans : le silence de Macron ?
Interrogé sur le silence d'Emmanuel Macron face à la persécution des minorités en Inde, particulièrement les musulmans, représentant plus de 200 millions de personnes selon le dernier recensement, Da Lage évoque un changement dans l'approche française des droits de l'homme. « La France, autrefois perçue comme un défenseur flamboyant des droits de l'homme, adopte désormais une approche très pragmatique ou très mercantiliste » vis-à-vis de partenaires importants. Il explique que Macron est apprécié en Inde parce qu’il ne donne pas de leçons, contrairement aux États-Unis. Ce chercheur, spécialiste de l’Inde, ne s’attend pas à ce que le président français fasse des des déclarations publiques sur la question des droits de l'homme en Inde lors de sa visite.
Élections législatives : Macron un soutien de Modi ?
Enfin, Da Lage évoque la possibilité que la présence d'Emmanuel Macron puisse être interprétée comme un soutien tacite au Premier ministre indien Narendra Modi à l’approche des élections législatives. Narendra Modi et son parti nationaliste hindou, le Bharatiya Janata Party (BJP), brigue un 3 eme mandat.
Bien que la visite du président français n’aura pas d’impact significatif sur les résultats électoraux, Da Lage estime que les images de la visite seront exploitées pour renforcer l'image de Modi en tant que dirigeant charismatique.