Les ministres du nouveau gouvernement français prennent leurs fonctions ce mardi, à la veille de Noël, lors de passations de pouvoir qui doivent préciser la feuille de route du Premier ministre François Bayrou.
La nouvelle équipe gouvernementale, qui compte 35 membres, est moins nombreuse que celle de l’ex-Premier ministre Michel Barnier (37), quasiment paritaire avec 18 femmes et 17 hommes, et marquée par une certaine continuité avec 19 ministres qui restent en poste
Censure
Composé de revenants et de figures controversées du paysage politique français, le nouveau gouvernement suscite déjà de nombreuses critiques de part et d'autre.
Les deux ex-Premiers ministres Elisabeth Borne, nommée à l'Education, et Manuel Valls, aux Outre-mer, seront particulièrement scrutés tout comme un autre revenant, Gérald Darmanin, qui occupera le portefeuille de la Justice.
Elisabeth Borne, avait longtemps été critiquée pour son usage quelque peu hasardeux et récurrent du 49.3 notamment pour la réforme des retraites, tandis que Manuel Valls et Gérald Darmanin se sont maintes fois démarqués par des déclarations et une politique jugées racistes et islamophobes.
Éviter la censure à un pareil gouvernement qui suscite autant de critiques à gauche comme à droite, sera donc sans doute son plus grand défi.
La France insoumise (LFI, gauche radicale) a d'ores et déjà annoncé son intention de déposer une motion de censure.
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"Aucune des conditions n'a été respectée par François Bayrou" pour établir un pacte de non-censure entre lui et le Parti socialiste, a estimé de son côté, ce mardi, le Premier secrétaire de la formation politique de gauche Olivier Faure.
Mais le Rassemblement national (extrême droite), groupe le plus nombreux à l'Assemblée, a fait savoir qu'il ne censurera pas, a priori, le nouveau gouvernement.
Néanmoins, François Bayrou semble ne pas perdre espoir. "Je suis persuadé que l'action que je définis devant vous et l'équipe gouvernementale feront que nous ne serons pas censurés", a déclaré, lundi soir, le centriste quelques heures après la présentation de son gouvernement.
Déficit budgétaire
Mais ce défi majeur semble être intimement lié à celui de faire passer un budget pour 2025, qui puisse panser le profond déficit dans lequel la France est plongée.
Les ministres devront préparer dans l'urgence un budget pour 2025, sous la pression des oppositions et des marchés financiers.
Ce qui avait sonné le glas du précédent gouvernement Barnier, était la tentative de faire adopter un budget controversé pour 2025 à l'Assemblée nationale, qui n’a pas hésité à le renverser par une motion de censure, le 4 décembre dernier.
Le nouveau ministre de l'Economie et des Finances, Eric Lombard, a, lui, pris ses fonctions dès lundi soir, en remplacement d'Antoine Armand.
Cet ancien directeur de l'institution financière publique, Caisse des dépôts et consignations, devient ministre de l'Economie, au moment où la France affronte l'une des pires crises budgétaires de son histoire récente.
Présenté par François Bayrou comme un homme de gauche, il a immédiatement appelé à "traiter notre mal endémique, le déficit", qui devrait culminer à 6,1% du PIB en 2024.
François Bayrou, qui prononcera sa déclaration de politique générale le 14 janvier, a indiqué, lundi soir, qu'il ne demanderait pas la confiance à l'Assemblée.
"Dans la foulée de cette déclaration de politique générale, il y aura une sorte de vote de confiance parce qu'il y aura probablement une motion de censure", a fait valoir le Premier ministre, qui "respecte le fait que des forces politiques n'ont pas envie d'être assimilées contre leur gré à la politique du gouvernement".