Sunak et Macron veulent mieux coopérer contre les traversées illégales de la Manche (Reuters)

Après des tensions sous sa prédécesseure Liz Truss, le tout nouveau dirigeant conservateur britannique a profité de cet appel pour "souligner l'importance de la relation entre le Royaume-Uni et la France, voisin et allié" et dit "attendre avec impatience" un sommet bilatéral l'année prochaine, a indiqué son porte-parole dans un communiqué. Il a aussi abordé le sujet des traversées illégales de la Manche, en constante augmentation et au coeur de régulières tensions entre Paris et Londres. "Le Premier ministre a souligné l'importance pour les deux pays de rendre la route de la Manche totalement impraticable pour les trafiquants d'êtres humains. Les dirigeants se sont engagés à approfondir leur partenariat afin de décourager les traversées mortelles de la Manche qui profitent aux criminels organisés", selon Downing Street. Le compte-rendu de la présidence française n'évoque pas ce sujet, indiquant simplement la "disponibilité" d'Emmanuel Macron pour "approfondir la relation bilatérale entre la France et le Royaume-Uni, notamment dans les domaines de la défense, des affaires stratégiques et de l'énergie". Les deux pays se sont déjà accordé pour que le gouvernement britannique aide financièrement les autorités françaises à mieux surveiller les côtes françaises pour empêcher les départs. Mais selon le journal The Times, Rishi Sunak veut aller plus loin et veut un accord global avec des objectifs chiffrés de bateaux interceptés et des agents de la police britannique des frontières patrouillant en France. Il souhaite également fixer des objectifs pour que 80% des demandes d'asile soient traitées sous six mois, contre une moyenne de 480 jours, mais aussi durcir les conditions d'octroi de l'asile. Plus de 38.000 migrants ont effectué la très dangereuse traversée de la Manche sur des embarcations de fortune depuis le début de l'année, plus que sur toute l'année dernière, déjà record. Selon les autorités britanniques, jusqu'à 80% de ces nouveaux migrants sont désormais Albanais. Le système britannique de demandes d'asile est totalement débordé par cet afflux. Approche "constructive"

Rishi Sunak, lui-même petit-fils d'immigrés indiens, a adopté une position très dure sur l'immigration. Il soutient le projet controversé des gouvernements conservateurs précédents d'envoyer les demandeurs d'asile au Rwanda, toujours suspendu à un examen par la justice.

Il a nommé également l'ultraconservatrice Suella Braverman au ministère de l'Intérieur, une décision interprétée comme un geste en direction de l'aile droite du parti conservateur. Contrastant avec les gouvernements précédents, très virulents envers la France, accusée de ne pas en faire assez, le nouvel exécutif a adopté un ton plus conciliant. Le secrétaire d'Etat à l'Immigration Robert Jenrick a dit cette semaine vouloir une relation plus "constructive" avec Paris, en particulier pour prendre des mesures communes avec les autorités albanaises. L'arrivée de Rishi Sunak à Downing Street arrive à la suite d'une période tendue dans les relations franco-britanniques sous Liz Truss, Première ministre pendant 49 jours. En campagne pour Downing Street, Liz Truss avait refusé de dire si Emmanuel Macron était un "ami" ou un "ennemi". "Le jury est toujours en train de délibérer", avait-elle lancé. La presse britannique avait affirmé que ces propos avaient empêché la signature d'un accord bilatéral sur l'immigration cet été. Depuis, l'éphémère Première ministre avait calmé le jeu, assurant début octobre à Prague, lors du premier sommet de la Communauté politique européenne, que le dirigeant français était bien "un ami".

AFP