Une nouvelle page s’ouvre dans l’affaire McKinsey. L’enquête judiciaire menée par le Parquet national financier (PNF) autour des liens entre Emmanuel Macron et le cabinet de conseil américain prend une nouvelle tournure.
Ce dossier, initié sur des soupçons de collusion entre McKinsey et le parti présidentiel lors des campagnes présidentielles de 2017 et 2022, s’étend désormais à des faits remontant à la période où Emmanuel Macron était encore ministre de l’Économie.
Selon Mediapart, les juges examinent des faits datant de 2015-2016, lorsque des liens étroits auraient été tissés entre Emmanuel Macron et McKinsey.
À cette époque, le département secteur public de McKinsey France, dirigé par Karim Tadjeddine, une vieille connaissance de Macron, aurait offert des prestations gratuites, sans contrat ni rémunération, à Bercy.
Parallèlement, plusieurs membres de ce département auraient participé bénévolement au lancement du mouvement En Marche!, jetant les bases de la future candidature présidentielle.
Des chefs d’accusation multiples
Les mails révélés en septembre 2024 par Cash Investigation renforcent les soupçons. Ces documents montrent que McKinsey a développé une plateforme numérique, baptisée "Au service de tous", destinée à mobiliser les électeurs lors de la campagne de 2016.
Ce projet, piloté par des consultants de McKinsey, aurait été mené de manière coordonnée avec la structuration d’En Marche!, selon Mediapart.
Un ancien collaborateur d’Emmanuel Macron, sous couvert d’anonymat, a confirmé la participation active de McKinsey à la préparation de la campagne, suscitant des doutes sur l’éthique de cette collaboration.
Outre le favoritisme, l’enquête explore des soupçons de corruption, trafic d’influence, abus de confiance, irrégularités dans les comptes de campagne et détournement de fonds publics.
Ce dernier point concerne particulièrement une mission confiée à McKinsey en 2020 sur l’évolution du métier d’enseignant.
Facturée à 496 800 euros pour des documents largement composés d’études disponibles en sources ouvertes, cette mission n’a pas été exploitée par le ministère de l’Éducation nationale mais a servi deux ans plus tard au programme de campagne de Macron.