Des centaines de personnes se sont regroupées dimanche en fin de journée aux Halles, dans le centre de Paris, pour une quatrième nuit de mobilisation, alors que les forces de l'ordre tentaient de disperser ce rassemblement non déclaré, selon des images diffusées par les chaînes françaises de télévision.
Six personnes ont été interpellées dimanche à Paris d'après BFM TV contre plus d'une centaine la veille, selon la préfecture de police, citée par plusieurs chaînes de télévision.
Samedi, la capitale a été le théâtre d'affrontements avec la police, tandis que des milliers de personnes ont défilé dans le reste de la France.
Dans la nuit de samedi à dimanche, la permanence du président des Républicains Eric Ciotti a par ailleurs été vandalisée, a-t-il annoncé sur Twitter.
Sur la façade, le slogan "La motion ou le pavé" a été tracé.
"Les nervis qui ont fait ça veulent par la violence faire pression sur mon vote lundi", a dit Eric Ciotti sur Twitter, ajoutant qu'il ne céderait pas à la terreur.
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a souligné sur BFM TV que la très grande majorité des manifestations samedi s'étaient déroulées "avec détermination et dans le calme".
"On a toujours condamné les violences en marge des manifestations", a-t-il rappelé, avant d'ajouter: "C'est de sa responsabilité (au président Emmanuel Macron) si la colère est à ce niveau-là."
Selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche, la cote de popularité d'Emmanuel Macron a reculé de quatre points le mois dernier à 28%, son plus bas niveau depuis la crise des "Gilets jaunes".
Moment de vérité
Interrogé sur l'issue possible des votes de lundi à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a répondu dans le Parisien: "Je pense qu'il n'y aura pas de majorité pour faire tomber le gouvernement. Mais ce sera un moment de vérité."
"La réforme des retraites vaut-elle, oui ou non, la chute du gouvernement et le désordre politique ? La réponse est clairement non", a-t-il ajouté.
Pour Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise, le recours au 49.3 est au contraire "le signe d'une fin de règne".
"Je ne me cache pas, ce gouvernement mène une politique qui, à mon avis, n'est pas légitime, n'est pas majoritaire dans la population", a-t-il dit sur Europe Un. "Quand je dépose avec mes collègues une motion de censure, c'est pour faire tomber cette réforme mais c'est aussi pour faire tomber ce gouvernement."
Pour obtenir la démission du gouvernement, la motion de censure doit être votée à la majorité absolue, soit 287 députés.
Le groupe de députés centristes Libertés Indépendants Outre-mer et Territoires (Liot) a déposé vendredi une motion de censure, suivie quelques heures après de celle du Rassemblement national, qui compte 88 élus.
Invitée de BFM TV, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a indiqué que la motion Liot serait examinée en premier lundi, à partir de 15h00 GMT.
Dans une déclaration à l'AFP, Emmanuel Macron a dit souhaiter que la réforme des retraites "puisse aller au bout de son cheminement démocratique". Il a également assuré de "la mobilisation du gouvernement" pour "protéger" les parlementaires.
Une source a confirmé à Reuters le message de fermeté de l'Elysée: "Le Président de la République a appelé Gérard Larcher, président du Sénat, et Yaël Braun-Pivet, pour leur réaffirmer son soutien au Parlement et à l'ensemble de ses parlementaires", a-t-elle déclaré.
Dans une interview accordée à Libération, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a dit vouloir maintenir la mobilisation avec l’intersyndicale, en dépit du rejet probable des motions de censure.
Cette réforme des retraites, "ce n’est pas un échec, c’est un naufrage", a-t-il déclaré.
La semaine qui vient sera aussi marquée par une nouvelle neuvième journée de grève et de manifestations à l'appel de l'intersyndicale, jeudi, et par la poursuite du mouvement dans les raffineries avec, à la clé, la question d'un impact éventuel sur l'approvisionnement des stations-service.
Un porte-parole de TotalEnergies a dit à Reuters que 34% des effectifs opérationnels des raffineries et dépôts du groupe en France étaient en grève dimanche matin.
Sur Franceinfo, René-Jean Souquet-Grumey, le vice-président de la branche stations-service et énergies nouvelles de Mobilians, une fédération patronale du secteur, a assuré dimanche en fin de journée que "moins de 4% des stations services avaient des soucis d'approvisionnement". Parmi ces stations, "peu sont totalement fermées", a-t-il dit.