Le président français Emmanuel Macron pose avec  Michel Barnier avant une rencontre au palais de l'Élysée à Paris, le 31 janvier 2020 / Photo: AFP (AFP)

Applaudi à Bruxelles pour ses qualités de négociateur, au point que son nom avait circulé pour succéder à Jean-Claude Juncker en 2019 à la tête de la Commission européenne, ce membre du parti de droite Les Républicains (LR), originaire des Alpes françaises, s'est forgé une réputation de "pragmatique".

Des qualités qui ont certes séduit Emmanuel Macron, à la recherche d'une personnalité capable de déjouer une majorité de censure à l'Assemblée, mais qui ont pour l'instant été plus applaudies à Bruxelles qu'en France ou au sein de sa famille politique des Républicains.

“Montagnard”

Marié et père de trois enfants, il rappelle volontiers qu'il est "montagnard" ; une manière de marquer sa différence : ne pas faire partie du sérail parisien et ne pas sortir de la prestigieuse école de l'élite ENA mais, dans son cas, de l'Ecole supérieure de commerce de Paris.

Vieux loup de la politique française, il milite auprès du mouvement gaulliste dès l’âge de 14 ans.

Son engagement politique débute en Savoie où il devient conseiller général pour le canton de Bourg-Saint-Maurice dès 1973, une fonction qu’il occupera pendant près de trois décennies.

Il siège, par ailleurs, dans plusieurs gouvernements de droite en France dans les années 1990 et 2000, avec des portefeuilles variés (Affaires européennes, Environnement, Agriculture, Affaires étrangères, etc...), est commissaire européen à deux reprises, chargé des Politiques Régionales et du cadre financier (1999-2004), puis responsable du Marché Intérieur et des Services (2009-2014).

Brexit

Michel Barnier est sans doute plus connu pour son rôle de négociateur en chef de l’Union européenne lors des discussions sur le Brexit.

Dès 2016, il est chargé de défendre les intérêts de l’UE face au Royaume-Uni après le vote historique du référendum britannique.

Il se distingue, en outre, par sa rigueur et sa fermeté tout au long des négociations, en veillant à préserver l’unité des 27 États membres de l’UE tout en construisant un accord équilibré avec le Royaume-Uni.

Positions fermes sur l’immigration

Selon le Nouvel Obs, lors de la primaire organisée au sein des Républicains pour désigner leur futur candidat à la présidentielle de 2022 où il avait terminé troisième derrière Valérie Pécresse et Eric Ciotti, il crée la surprise en proposant un “moratoire sur l’immigration”.

Il plaidait alors pour mettre “un coup d’arrêt aux dérives, au laisser-aller”, une “pause de trois à cinq ans” permettant de freiner les régularisations inconditionnelles, le regroupement familial, les visas de longs séjours.

Il suggérait aussi d’organiser un référendum afin que la France puisse fixer des “quotas d’immigrés” et “retrouver sa liberté de manœuvre” vis-à-vis de l’Europe.

Michel Barnier, qui proposait également de “supprimer le droit du sol à Mayotte”, voyait dans l’absence de réelle politique migratoire “une des causes du mal français”.

“Plusieurs centaines de milliers d’étrangers sont à présent installés sur notre sol sans comprendre le Français et sans, parfois, éprouver le besoin de l’apprendre. Cette immigration subie ne fait que des perdants”, écrivait-il sur son site de campagne.

“Le discrédit du politique s’en nourrit. La délinquance et la radicalisation islamiste s’en nourrissent” ajoutait-il encore.

D’ailleurs, Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN), a réagi en affirmant que Barnier est “respectueux des électeurs du RN”, ajoutant que le parti ne déposerait pas de motion de censure immédiate contre son gouvernement, car il répond à leurs critères de respect envers leurs électeurs.

Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon a quant à lui fustigé le choix de M. Barnier, décrit comme "la personnalité la plus proche" des positions de l'extrême droite. Dans ce sillage, il a appelé "à la mobilisation la plus puissante que possible", samedi, jour où la gauche avait prévu des manifestations contre le président Emmanuel Macron.

TRT Français et agences