Ultime président de l'Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev a conclu des accords de contrôle des armements avec les Etats-Unis et des partenariats avec les puissances occidentales pour lever le Rideau de fer qui divisait l'Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale, permettant la réunification de l'Allemagne.
Mais ses vastes réformes internes ont contribué à l'affaiblissement de l'Union soviétique, puis la chute de celle-ci, un moment que le président russe Vladimir Poutine a décrit dans le passé comme "la plus grande catastrophe géopolitique" du XXe siècle.
"Mikhaïl Gorbatchev est décédé ce soir des suites d'une grave et longue maladie", a déclaré l'hôpital central de Russie dans un communiqué.
Vladimir Poutine a présenté ses "profondes condoléances", a fait savoir le porte-parole du Kremlin, cité par l'agence de presse Interfax. Dmitry Peskov a ajouté que le président russe enverrait ce mercredi un télégramme à la famille et aux amis du défunt.
Nombreux ont été les dirigeants mondiaux à rendre hommage à Mikhaïl Gorbatchev.
IL A "CHANGÉ L'HISTOIRE"
Le président américain Joe Biden a déclaré penser que les principes mis en avant par Mikhaïl Gorbatchev n'étaient pas de simples slogans mais "la marche à suivre pour le peuple de l'Union soviétique après tant d'années d'isolation et de privation".
Emmanuel Macron a salué un "homme de paix dont les choix ont ouvert un chemin de liberté aux Russes". "Son engagement pour la paix en Europe a changé notre histoire commune", a ajouté le président français sur Twitter.
Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a déclaré que Mikhaïl Gorbatchev avait ouvert la voie à une Europe libre.
Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, s'est dit profondément attristé par ce décès, décrivant Mikhaïl Gorbatchev comme un homme d'Etat unique ayant "changé le cours de l'histoire". "Le monde perd un immense dirigeant, un multilatéraliste engagé, et un infatigable avocat de la paix", a-t-il ajouté.
Citant l'offensive de l'Ukraine lancée par Vladimir Poutine, le Premier ministre britannique Boris Johnson a estimé que "l'engagement inlassable (de Gorbatchev) à ouvrir la société soviétique reste un exemple pour nous tous".
Après des décennies de tensions et de confrontation, Mikhaïl Gorbatchev a rapproché l'Union soviétique et l'Occident comme jamais auparavant depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Son héritage a volé en éclats au cours des ultimes mois de sa vie, avec l'offensive de l'Ukraine et les vastes sanctions prises en conséquence par les Occidentaux contre la Russie, dans un climat que des politiciens à Moscou et en Occident apparentent à une nouvelle Guerre froide.
Mikhaïl Gorbatchev, lauréat du prix Nobel de la paix en 1990, sera inhumé aux côtés de sa femme Raïssa, décédée en 1999, dans le cimetière de Novodievitchi à Moscou, a indiqué l'agence de presse Tass.
RÉFORMES TURBULENTES
Lorsque des manifestations pro-démocratie se sont répandues à travers l'URSS en 1989, Mikhaïl Gorbatchev s'est abstenu de recourir à la force, contrairement aux précédents dirigeants du Kremlin qui avaient envoyé des chars pour écraser les soulèvements en Hongrie en 1956 et en Tchécoslovaquie en 1968.
Ce mouvement a alimenté les envies d'autonomie de certaines républiques de l'Union soviétique, qui s'est effondrée de manière chaotique dans les deux années ayant suivi les manifestations, en dépit des efforts de Mikhaïl Gorbatchev pour éviter cette chute.
Accédant en 1985 au poste de secrétaire général du Parti communiste soviétique, alors qu'il est âgé de seulement 54 ans, Mikhaïl Gorbatchev ambitionne de revitaliser le système en mettant en place certaines libertés politiques et économiques. Mais ses réformes sont devenues hors de contrôle.
Sa politique du "glasnost" (liberté d'expression) permet des critiques jusqu'alors inimaginables du Parti communiste et de l'Etat, tout en enhardissant les nationalistes qui commencent à réclamer l'indépendance des républiques baltiques - Lettonie, Lituanie, Estonie, entre autres.
De nombreux Russes n'ont jamais pardonné Mikhaïl Gorbatchev pour les tumultes provoqués par ses réformes, dénonçant la baisse de leur qualité de vie comme un prix trop important à payer pour la démocratie.
Vladimir Rogov, nommé par Moscou comme responsable d'un territoire ukrainien désormais occupé par l'armée russe, a qualifié Mikhaïl Gorbatchev de traître ayant "délibérément mené l'Union (soviétique) à sa chute".
"Il nous a donné la liberté, mais nous ne savons pas quoi en faire", a déclaré en juin, à l'organe de presse de l'armée russe, l'économiste libéral Ruslan Grinberg après avoir rendu visite à Mikhaïl Gorbatchev à l'hôpital.