Saïd Omar Oïli avec Gérard Larcher,  président du Sénat, lors de la minute de silence observée le 23 décembre, jour de deuil national pour Mayotte, au palais du Luxembourg. (Others)

Un département français ravagé en quelques heures par un cyclone de force 3. Ce n’est pas le plus fort des cyclones mais l’habitat précaire est légion à Mayotte et les alertes à la population n’ont pas réellement fonctionné.

Le sénateur RDPI Saïd Omar Oïli ( Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants ) a demandé une commission d’enquête sur la catastrophe et la réponse des autorités françaises. “Il y a des choses qui sont faites à l’envers, pourquoi on n’a pas envoyé des forces de sécurité avec des chiens pour voir s' il y avait des survivants sous les décombres, pourquoi avant le cyclone on n’a pas mieux anticipé la mise à l’abri de la population ?”.

L’élu mahorais ajoute le nombre important de rapports indiquant que cette zone est propice aux cyclones et les mesures à prendre pour se préparer : “Il y a tellement de rapports qu’on pourrait remplir un container. Il y a même un rapport sénatorial après le cyclone Irma sur l'île de Saint Martin, il y a même un rapport par un député de Mayotte. Pourquoi rien n’a été fait ? La commission d’enquête doit aussi éclaircir pourquoi rien n’a été fait pour que plus jamais ça dans les Outre-mer.”

Le bilan de 39 morts, remis en question

Saïd Omar Oïli juge le bilan de 39 morts peu crédible : “Moi je n’y crois pas parce que dans ma commune il y a un bidonville de 10 000 habitants. Ça fait 24 ans que je suis élu, je les connais, je ne les vois plus donc 39 morts, je n’y crois pas. Je pense que les gens qui ont été tués lors du cyclone, ils ont été enterrés dans les champs, ou autre. On risque donc aujourd’hui une crise sanitaire à Mayotte.“

“15 000 personnes venant des bidonvilles sont allées dans les abris, on estime qu’ils étaient 100 000, les 85 000 qui restent, ils sont où ? C’est aussi pour ça qu’il faut une commission d’enquête. Je ne veux pas qu’on nous mente”, tonne-t-il.

Les autorités françaises ont-elles manqué de moyens ? N’ont-elles pas pris la mesure de la situation ? A ces questions, Saïd Omar Oïli répond que c’est à la commission d’enquête de faire la lumière sur ce point.

Il dénonce cependant les effets d’annonce du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, du président de la République, Emmanuel Macron, car, aujourd’hui, “la situation est toujours chaotique, les gens n’ont pas à manger, pas d’eau. Ce qu’on entend quand les gens m’appellent, c’est “on a faim, on a soif. Pourquoi on nous dit que l'aide arrive et on ne voit rien.”

Le préfet de Mayotte a annoncé fièrement qu’en 10 ans, 390 000 bouteilles d’eau ont été distribuées pour une population d’environ 400 000. “Faites le calcul. Ça fait une bouteille par personne en 10 jours ! On fait quoi, on boit, on se lave ? Ce n’est pas sérieux“, dénonce Saïd Omar Oïli.

Le sénateur conclut, sarcastique : “Je lis tous les communiqués de la préfecture de Mayotte qui invite la population à se mettre à l’abri car de fortes pluies sont attendues”. L’élu renchérit: “On n’a pas de toit, pas d’abri et la Préfecture écrit cela”.

Pour rappel, le cyclone Chido a dévasté Mayotte le 14 décembre courant et a fait, selon le bilan officiel, 39 morts et 4 000 blessés.

TRT Francais