Le président français Emmanuel Macron a de nouveau exprimé sa disposition à "ouvrir le débat" d'une défense européenne qui comprendrait aussi l'arme nucléaire, dans un entretien avec des jeunes Européens publié samedi soir par les journaux du groupe Ebra.
"Je suis pour ouvrir ce débat qui doit donc inclure la défense antimissile, les tirs d'armes de longue portée, l'arme nucléaire pour ceux qui l'ont ou qui disposent sur leur sol de l'arme nucléaire américaine. Mettons tout sur la table et regardons ce qui nous protège véritablement de manière crédible", a déclaré le chef de l'Etat, en ajoutant que la France garderait "sa spécificité mais est prête à contribuer davantage à la défense du sol européen".
La France est le seul des Etats membres de l'Union européenne à disposer de la dissuasion nucléaire, depuis la sortie du Royaume-Uni de l'UE suite au Brexit.
Jeudi à la Sorbonne, le président français avait plaidé, lors de son discours sur l'Europe, pour la constitution d'une Europe de la défense "crédible" au côté de l'Otan et face à la Russie.
"Ça peut signifier déployer des boucliers antimissiles, mais il faut être sûr qu'ils bloquent tous les missiles et dissuadent de l'utilisation du nucléaire", a expliqué M. Macron dans son entretien publié samedi par les journaux de l'Est de la France. Cette interview a été réalisée vendredi lors d'une visite à Strasbourg.
"Être crédible, c'est avoir aussi des missiles de longue portée qui dissuaderaient les Russes. Et il y a l'arme nucléaire: la doctrine française est qu'on peut l'utiliser quand nos intérêts vitaux sont menacés. J'ai déjà dit qu'il y a une dimension européenne dans ces intérêts vitaux, sans les détailler car cette dissuasion concourrait à la crédibilité de la défense européenne", a-t-il précisé.
"La dissuasion nucléaire est en effet au cœur de la stratégie de défense française. Elle est donc par essence un élément incontournable de la défense du continent européen", avait-il dit jeudi dernier à la Sorbonne.
La construction d'une Europe de la défense est depuis très longtemps un objectif de la France, mais elle s'est souvent heurtée aux réticences de ses partenaires qui jugeaient plus sûr le parapluie de l'Otan.