La quête d'un chef de gouvernement en France est-elle proche de son dénouement, près de deux mois après les législatives? Dans une France profondément divisée, le gouvernement démissionnaire depuis 48 jours, une situation inédite, continue de gérer les affaires courantes.
Arrivé à 08H45 (06H45 GMT), l'ancien Premier ministre socialiste a quitté l'Elysée une heure quinze plus tard.
Macron et Cazeneuve entretenaient des relations confiantes au début de la présidence de François Hollande (2012-2017).
Emmanuel Macron a reçu dans la foulée François Hollande, qui ne devrait pas le dissuader de nommer Bernard Cazeneuve. Au contraire de l'ancien président Nicolas Sarkozy (2007-2012) qui était attendu à 12H15 (10H15 GMT) et qui plaide pour un Premier ministre de droite.
Dans le cadre de ces consultations, présentées comme les dernières, des échanges sont aussi prévus dans l'après-midi avec les anciens ministres François Bayrou, une figure du centre, et avec Xavier Bertrand, président du parti de droite Les Républicains et d'une région du nord de la France.
"L'idée générale est de regarder si les hypothèses Cazeneuve et Bertrand sont viables au regard du critère de stabilité", dit un proche du président, qui "peut bien sûr avoir d'autres noms en tête".
Lundi matin, le nom du président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Thierry Beaudet commençait à circuler si le chef de l'Etat devait faire le choix d'un profil moins politique. Troisième chambre de la République avec l'Assemblée et le Sénat, le CESE regroupe 175 membres représentant la société civile.
"Bernard Cazeneuve n'est pas demandeur mais s'il le fait c'est par devoir et pour éviter des difficultés supplémentaires au pays", a expliqué dimanche son entourage.
Emmanuel Macron, qui pourrait procéder à une nomination mardi, a récemment écarté la candidature de la haute-fonctionnaire Lucie Castets, présentée par les formations du Nouveau Front populaire (NFP), alliance de gauche arrivée en tête des législatives, en arguant du risque de censure immédiate à l'Assemblée nationale.
Le président français veut aussi que le bloc central fasse partie de la future majorité.
Bernard Cazeneuve, 61 ans, était ministre de l'Intérieur au moment des sanglants attentats de 2015, puis Premier ministre des derniers mois du quinquennat de François Hollande.
Il a quitté le Parti socialiste (PS) en 2022, farouchement opposé à l'alliance avec le principal parti de gauche radicale LFI, au sein de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). L'alliance actuelle de la gauche, le NFP, est aujourd'hui composée de LFI, du PS, du PCF et des Ecologistes.
Si le scénario Cazeneuve venait à s'imposer, il devrait bénéficier d'un soutien tacite d'au moins une partie des socialistes, outre celui du bloc central et d'une partie de la droite.
Premier ministre de droite ?
Le patron du PS Olivier Faure est resté très réservé lundi sur un tel scénario, concédant seulement qu'il y "réfléchirait" si Bernard Cazeneuve "obtient l'abrogation" de la réforme des retraites.
Xavier Bertrand, 59 ans, sera lui reçu à 15H30 (13H30 GMT). Il n'a pas caché que la fonction l'intéressait et l'ex-président Sarkozy a jugé que ce serait "un bon choix".
Mais il n'a pas l'appui des dirigeants de son parti qui veulent arriver en opposants à la présidentielle de 2027 et refusent toute coalition ou participation au futur gouvernement.
Le Rassemblement National, parti d'extrême droite, troisième bloc à l'Assemblée derrière la gauche et les macronistes, pourrait de son côté ne pas censurer immédiatement un nouveau Premier ministre, a déclaré le député RN Jean-Philippe Tanguy.
Mais il le ferait "sans doute" au moment du budget, a-t-il ajouté.
Le temps presse pour former un nouveau gouvernement car le budget 2025 doit être déposé au Parlement le 1er octobre au plus tard.