Le président français, Emmanuel Macron, a invité mardi les chefs des partis parlementaires à l'Elysée pour tenter de résoudre la crise politique actuelle du pays et former un “gouvernement d'intérêt national”.
Cependant, les partis d'extrême droite et d'extrême gauche ont été exclus des discussions, rapporte Le Monde.
C'est la première fois que Macron réunit des représentants de tous les groupes parlementaires autour d'une même table, une démarche qui rappelle ses consultations de Saint-Denis en 2023.
Contrairement aux précédentes rencontres, le président a choisi de ne pas inviter le Rassemblement national (RN) et la France insoumise (LFI), qu'il accuse de former un “front anti-républicain” en soutenant une motion de censure contre le gouvernement le 4 décembre.
“Leurs représentants n'ont pas fait preuve d'une volonté de compromis”, a expliqué une source proche du président.
En revanche, les partis socialiste, écologiste et communiste, qui ont également soutenu la motion de censure, ont été invités après avoir fait preuve de “bonne volonté” et d'une volonté de dialogue, a ajouté la source.
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, s'est récemment montré ouvert aux concessions, affirmant la semaine dernière que son parti était prêt à discuter d'éventuels accords avec le bloc centriste de Macron et les Républicains (LR).
Objectif: compromis
La réunion vise à établir un cadre de coopération alors que Macron cherche à stabiliser son gouvernement minoritaire.
Selon les responsables de l'Elysée, l'objectif est de développer une méthode pour construire un consensus et créer un gouvernement capable d'assurer une “stabilité raisonnable”.
“Macron prépare le terrain et va se retirer pour permettre aux chefs de partis de négocier”, a déclaré Marine Tondelier, la secrétaire nationale des écologistes, dans une interview à France Info.
Cette initiative fait suite à l'appel lancé par Macron le 10 juillet dernier à un “dialogue sincère et loyal” entre les forces politiques pour former une majorité pluraliste, un appel resté largement sans réponse. Avec cette dernière initiative, Macron espère favoriser un esprit de compromis qui pourrait conduire à la formation d'un nouveau gouvernement capable de répondre aux défis urgents de la France.
L'instabilité politique hante le pays depuis juin
Le pays est en pleine ébullition politique depuis juin, lorsque le bloc centriste de Macron a échoué et que le RN d'extrême droite a remporté les élections au Parlement européen.
En réponse, Macron a appelé à deux tours d'élections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet, mais aucun parti n'a remporté 289 sièges, un seuil pour obtenir la majorité absolue à l'Assemblée nationale.
L'alliance de gauche Nouveau Front populaire (NFP) a remporté le plus de voix et de sièges au parlement au second tour et a ensuite insisté pour que le Premier ministre soit issu de l'alliance, mais n'a pas réussi à nommer immédiatement un candidat de consensus pour le poste.
Après des semaines de divisions internes, le NFP a nommé Lucie Castets au poste de Premier ministre le 23 juillet.
Cependant, le président Macron a rejeté un candidat de gauche et a déclaré qu'il ne nommerait pas de Premier ministre avant la mi-août, après les Jeux olympiques de Paris.
Il a été critiqué pour avoir retardé le processus, alimentant davantage l'instabilité, notammentaprès avoir accepté la démission du Premier ministre de l'époque, Gabriel Attal, le 16 juillet, qu’il avait initialement refusée le 8 juillet.
Le 5 septembre, Macron a finalement nommé Michel Barnier, un homme politique de centre-droit, ancien commissaire européen et ancien ministre des Affaires étrangères, au poste de Premier ministre.
Le gouvernement de Barnier est devenu le premier à s'effondrer à la suite d'un vote de défiance depuis 1962.