Après les conférences de Lugano, Varsovie et Berlin ces derniers mois, cette rencontre vise à neutraliser la stratégie mise en œuvre depuis octobre par la Russie qui consiste à s'attaquer aux infrastructures civiles pour faire souffrir la population ukrainienne et affaiblir la résistance.
La conférence se déroule le matin au ministère des Affaires étrangères. Baptisée "Solidaires du peuple ukrainien", elle se tient en présence notamment du président français Emmanuel Macron et du premier ministre ukrainien Denys Schmyhal.
"Nous avons synchronisé nos positions avant (...) la conférence de soutien à Paris", avait déclaré dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Twitter après un entretien avec M. Macron.
Les intervenants de la conférence vont se concentrer sur cinq domaines fondamentaux - l'énergie, l'eau, l'alimentation, la santé et les transports - pour permettre à l'Ukraine de conserver des infrastructures essentielles en état de marche.
"L'objectif immédiat,(...) c'est que le réseau électrique ukrainien ne s'effondre pas, qu'on n'ait pas un +blackout+ de plusieurs semaines, que l'eau ne gèle pas dans les canalisations" car ces dernières seraient alors hors de service "jusqu'à l'été", a-t-on expliqué à l'Elysée et au Quai d'Orsay.
L'effort doit porter sur une remise en état des infrastructures après chaque bombardement russe pour que la population puisse passer l'hiver, et garder aussi le moral.
Des annonces chiffrées sont attendues de la part du président français.
Outre le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres, le président ukrainien Volodymyr Zelensky interviendra en visio-conférence. "Des chefs d'Etats, des chefs de gouvernements, des ministres" de 47 pays seront représentés, a indiqué l'Elysée.
La Chine sera absente de la conférence, a indiqué une source diplomatique. En revanche, des ambassadeurs des pays du Golfe et de l'Inde seront présents, en symbole d'une solidarité qui s'exprime au-delà des frontières européennes ou nord-américaines.
Le Fonds monétaire international (FMI) sera également présent, tout comme la Banque mondiale par l'intermédiaire de responsables régionaux, sans de nouvelles annonces prévues de leur part, avaient-ils indiqué à l'AFP vendredi.
La partie pilotée par le Quai d'Orsay se terminera en début d'après-midi avec une conférence de presse de la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna et du premier ministre ukrainien.
La conférence se poursuivra ensuite au centre de conférence Pierre Mendès-France du ministère de l'économie et prendra l'allure d'une "bilatérale pour la résilience et la reconstruction de l'Ukraine".
Il s'agit de mobiliser les entreprises françaises pour la reconstruction.
Quelque 500 sociétés françaises, des mastodontes du CAC 40 jusqu'aux start-up du numérique, ont été conviées pour un échange cette fois porté sur le long terme.
Après une nouvelle allocution du président ukrainien et un discours d'Emmanuel Macron sur place en présence du Premier ministre ukrainien Denys Chmyhal, des tables rondes évoqueront les secteurs des infrastructures, technologies et digital, santé, énergie et agroalimentaire.
Profonde récession
Bien qu'il n'y ait ni cessez-le-feu, ni même perspective de fin de la guerre, "les Ukrainiens ont demandé à parler de reconstruction", a fait valoir l'Elysée.
C'est que certaines zones du pays frappées au tout début de la guerre sont aujourd'hui en situation de reconstruction. De plus, le chantier qui attend l'Ukraine prendra des années.
Le coût de la guerre pour l'Ukraine est immense.
"Nous avions signalé début septembre que le coût serait d'environ 350 milliards, mais cela ne couvrait que la période allant du début de la guerre au 1er juin", a rappelé à l'AFP Anna Bjerd, vice-présidente de la Banque mondiale pour l'Europe et l'Asie centrale.
Une nouvelle estimation sera publiée "début 2023" et elle sera sans aucun doute beaucoup plus élevée, a-t-elle prévenu.
L'économie ukrainienne s'est déjà contractée de quelque 33% sous l'effet de cette guerre déclenchée le 24 février.
"Avec les récentes attaques dans le pays, la contraction va être plus forte, on peut s'attendre à ce qu'elle soit davantage proche de 40%", a également indiqué la responsable de l'institution de Washington.
Elle ne s'est pas prononcée pour l'an prochain en raison d'une "grande incertitude".
Lundi, les dirigeants du G7, réunis en sommet virtuel, ont décidé de mettre en place une "plateforme" pour "coordonner l'aide financière" à l'Ukraine, a annoncé le chancelier allemand Olaf Scholz.