Rome a toujours eu des liens particuliers avec la Libye, leur histoire commune reste une base de coopération mais depuis l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni, la Première ministre, l’Italie accroît son influence en Algérie et en Tunisie au détriment de la France.
Depuis deux ans, l’Italie multiplie les contrats avec la Tunisie dont le fameux accord sur l’immigration mais, fait nouveau, développe aussi ses relations avec l’Algérie.
L’Algérie est devenue l’un des partenaires principaux de l’Italie en matière énergétique, après la signature d’un contrat de livraison de gaz en 2019 puis un gros contrat de partage de production pétrolière et gazière d’un montant de quatre milliards de dollars. L'Italie cherche à se libérer de sa dépendance envers le gaz russe, devenant de ce fait le principal acheteur du gaz algérien.
Mais les ambitions italiennes vont au-delà, lorsque Giorgia Meloni se rend en Algérie en janvier 2023, elle est accompagnée du patron du Medef italien, la Confindustria. Rome veut devenir le premier partenaire commercial de l’Algérie, une sorte de pont économique entre l’Afrique et l’Europe.
L’Italie en Algérie, c’est le gaz, Fiat et le blé dur
En 2024, les annonces se sont empilées avec en janvier 2024 la signature d’un accord de sécurité qui mêle lutte contre la cybercriminalité et lutte contre l’immigration clandestine.
En juillet, Rome s’engage à investir dans le sud de l’Algérie à hauteur de 420 millions d’euros pour produire du blé et renforcer la sécurité alimentaire de l’Algérie. Dans le même mois, une usine Fiat est inaugurée dans la zone industrielle de Tafraoui, même si Fiat est désormais intégré au groupe Stellantis qui regroupe plusieurs marques européennes dont Peugeot. L’inauguration se fait en présence du vice-ministre italien des entreprises, Valentino Valentini.
L’ancien patron de Stellantis, Carlos Tavares a déclaré que l’usine produirait 60 000 à 90 000 véhicules par an et qu’elle serait une plateforme stratégique pour fournir le marché africain.
En novembre dernier, l’ambassadeur algérien à Rome expliquait que la coopération entre les deux pays allaient toucher d’autres secteurs. Mohamed Khelifi a souligné la coopération stratégique sur plusieurs fronts, avec les récentes visites à Rome de plusieurs membres du gouvernement algérien, dont les ministres de l'Intérieur, de l'Agriculture et de l'Energie, sans oublier le chef de cabinet du Conseil national.
L’offensive italienne est mal vue à Paris
Umberto Profazio de l’Institut international des études stratégiques explique les raisons de ce changement de cap pour les deux pays du Maghreb. Selon lui, les critiques incessantes du gouvernement tunisien dans la presse française au sujet des droits de l’Homme doivent être analysées comme un signe de la rivalité entre la France et l’Italie dans la région.
“La France voit l’Italie étendre son influence et elle essaie de la contrer en utilisant les outils, le sujet du respect des droits de l’Homme, des arrestations des opposants.” Rome marche littéralement dans ses plates-bandes, surtout en Algérie où l’Italie n’a pas de liens historiques.
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Cette offensive vers l’ouest de la politique italienne a créé un triangle dynamique entre Rome, Alger et Tunis, ce qui affaiblit encore plus l’influence française. La reconnaissance récente par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ne fait que renforcer l’influence italienne, le Maghreb se scinde en quelques sortes en deux, avec deux zones d’influence.
Les initiatives de coopérations s’accumulent, avec la signature d’un accord d'extradition en septembre 2023, l’inauguration d’un centre consulaire le 3 octobre 2024 à Tamanrasset, et la signature fin novembre d’un mémorandum d’entente pour promouvoir l’étude de la langue italienne en Algérie. Est-ce que tout cela pourrait se traduire par “addio Francia” (au revoir la France), seul l’avenir le dira.
