Israël a arrêté des Palestiniens pour les soumettre systématiquement à la torture…   / Photo: AA (AA)

La hiérarchie de l'armée israélienne veut mettre les soldats engagés dans les opérations à Gaza et au Liban à l'abri d'éventuelles poursuites judiciaires à l’étranger.

C’est dans ce sens qu’elle a renforcé les mesures visant à voiler l'identité des soldats lorsqu'ils apparaissent dans les médias.

Désormais, pour la toute première fois, elle va cacher l'identité de tous ses combattants et officiers jusqu'au grade de général de brigade impliqués dans la guerre génocidaire à Gaza et dans l’offensive militaire au Liban. La décision annoncée hier par le chef d'État major de l'armée israélienne, Herzi Halevi, est immédiatement applicable. Elle est valable jusqu'à nouvel ordre.

Ainsi, tout soldat ou réserviste sollicité par les médias pour des interviews filmées pour les besoins d’un reportage, devra solliciter une autorisation formelle de sa hiérarchie.

Cette mesure fait suite notamment à des plaintes déposées par la Fondation Hind Rajab, qui ont déjà conduit à l'émission de mandats d'arrêt contre des soldats israéliens en voyage au Brésil et en Argentine.

La nouvelle directive affectera des milliers de soldats et officiers, tant de l'armée régulière que des réservistes, qui jusqu'à présent apparaissaient à visage découvert et sous leur véritable identité dans les médias.

Cette décision témoigne de l'inquiétude croissante face aux poursuites judiciaires internationales visant les militaires israéliens. Selon le porte-parole de l'armée israélienne, cette décision vise à “protéger les soldats” participant aux opérations actuelles contre d'éventuelles poursuites judiciaires à l'étranger, illustrant l'évolution du conflit sur le terrain juridique international.

Cacher son identité

“Les officiers ayant le grade de général de brigade et au-dessus seront autorisés à être interrogés sous leur nom complet, avec leur poste et leur affiliation à la brigade, mais seulement après un briefing préliminaire”, précise la directive de l'armée israélienne. De même, “Les officiers au grade de colonel et en dessous seront photographiés de dos ou avec leurs visages floutés”.

La directive interdit également d’associer une personne interrogée à une opération militaire spécifique à laquelle elle a participé, et souligne que toute dérogation aux règles nécessitera une approbation individuelle. En outre, les officiers ayant le grade de colonel qui sont déjà apparus dans les médias dans le passé auront dorénavant besoin d'une autorisation spéciale pour pouvoir continuer à être exposés.

Concernant les israéliens ayant une autre nationalité, les mesures sont encore plus strictes. Les entretiens pour la télévision doivent se faire avec des visages floutés, sans précisions de leurs noms complets.

Les photographies prises dans les zones de combat nécessitent l’approbation des responsables de la communication et du porte-parole militaire.

Le cas du soldat Yuval Vagdani

La semaine dernière, Yuval Vagdani, un soldat démobilisé de 21 ans du bataillon Givati Saber, réputé pour les exactions et les abus à Jabaliya dans le nord de Gaza a été contraint de fuir précipitamment le Brésil où il séjournait en vacances.

La Fondation Hind Rajab (HRF) qui traque les soldats israéliens responsables de crimes de guerre à Gaza via les réseaux sociaux, avait accusé Vagdani d'avoir participé à “des démolitions massives de maisons civiles à Gaza lors d'une campagne systématique de destruction”.

La HRF avait déposé une plainte contre le soldat de 21 ans, mettant en garde contre les risques de fuite à partir des informations selon lesquelles Israël tentait de le faire sortir clandestinement du Brésil.

Suite à cette plainte, une cour brésilienne a ordonné à la police d’enquêter sur le soldat israélien Yuval Vagdani, accusé de crimes de guerre à Gaza.

L'armée israélienne avait alors exigé de ses soldats le retrait des publications relatives aux combats à Gaza, en Cisjordanie ou au Liban pour échapper à toute accusation de génocide ou de crime de guerre.

Des organisations pro-palestiniennes ont déposé 50 plaintes devant des tribunaux du monde entier contre des soldats israéliens pour crimes de guerre à Gaza, ont rapporté lundi les médias israéliens.

L’armée israélienne fait l’objet d’une plainte pour génocide devant la Cour internationale de Justice pour sa guerre meurtrière contre l’enclave.

En novembre, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza.

TRT Français et agences