Le 27 septembre, Pasin a saisi le tribunal de Bruxelles, accusant Stoltenberg, dont le mandat s'est achevé le 1er octobre après dix ans à la tête de l'OTAN, d'avoir sapé les efforts diplomatiques pour prévenir la guerre en Ukraine. Pasin, auteur de “Guerre en Ukraine : La responsabilité criminelle de l'Occident - Nos options pour stopper la crise”, reproche à Stoltenberg d'avoir mis en péril la sécurité des pays membres de l'OTAN, notamment la Belgique, et d'avoir contribué à des crimes contre la paix.
Dans un entretien accordé à l'agence Anadolu, Pasin a déclaré que “l'objectif de cette plainte est de démontrer que Stoltenberg, alors qu'il avait le pouvoir d'empêcher la guerre en Ukraine, a préféré s'en abstenir, violant ainsi la Charte des Nations unies et celle de l'OTAN”.
Il a également souligné les répercussions de la guerre sur l'Europe, notamment l'inflation, la pauvreté et l'augmentation de la dette.
“Nous ne pouvons pas accepter la destruction de nos vies et de celles de nos enfants à l'échelle continentale” ajoute Pasin.
Il accuse Stoltenberg d'avoir contribué à l'escalade du conflit, rappelant les négociations infructueuses de janvier 2022 sur les propositions de sécurité soumises par la Russie. Il affirme que Stoltenberg aurait pu réduire les tensions, mais a choisi de ne pas le faire. Selon lui, la Turquie était le pays idéal pour jouer un rôle de médiateur neutre, et il regrette que les pourparlers de paix, proches d'aboutir, aient été interrompus, en partie à cause de l'intervention de Boris Johnson, alors Premier ministre britannique.
Patrick Pasin souligne également l'importance de la médiation de la Turquie, qu'il considère comme un acteur essentiel dans les tentatives de négociations.
“La Turquie a su se positionner comme un médiateur neutre, malgré ses accords tant avec la Russie qu'avec l'Ukraine, et la relation personnelle entre le président Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine a joué un rôle crucial”, explique-t-il.
Il regrette profondément que cette initiative ait échoué, car selon lui, les deux parties étaient proches de conclure un accord de paix en mars 2022 à Istanbul.
Pasin insiste sur le fait que l'échec de ces pourparlers, en raison des pressions extérieures, notamment celle de Boris Johnson, a marqué la dernière opportunité sérieuse de mettre fin au conflit avant son intensification. Il déplore que, depuis lors, le discours autour de la paix ait pratiquement disparu du débat public et international.
“Nous avons besoin de paix, maintenant plus que jamais. Chaque jour, des vies sont perdues des deux côtés, et il semble que personne n'ait la volonté de stopper cette spirale de destruction” ajoute-t-il.
Pour lui, la guerre en Ukraine est le reflet d'un échec de la diplomatie occidentale.
“L'Occident, par son refus de considérer les propositions de la Russie en matière de sécurité et par l'encouragement tacite à l'escalade militaire, porte une lourde responsabilité dans cette guerre” explique Pasin.
Il voit en Stoltenberg un des principaux artisans de cet échec, l'accusant d'avoir privilégié une approche belliqueuse au détriment de la recherche de compromis diplomatiques. Enfin, Pasin conclut en rappelant la nécessité de rouvrir le dialogue et de redonner une place centrale à la diplomatie.
“Si nous continuons sur cette voie, la guerre ne fera qu'empirer. Nous devons remettre la paix au cœur des discussions, et la communauté internationale doit assumer sa responsabilité dans la recherche d'une solution” s'inquiète-t-il.
Selon Pasin, son action en justice vise également à rappeler aux dirigeants que des alternatives à la guerre existent et qu'il est encore possible de revenir à la table des négociations pour éviter une catastrophe humanitaire et économique encore plus grande.