Selon Off Investigation, des documents déclarés auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC), révèlent que BNP Paribas et Amundi détiennent des actions significatives dans Elbit Systems. (Others)

Une enquête de Camille Stineau pour Off Investigation révèle que des institutions financières européennes, notamment BNP Paribas et Amundi (détenue à 68,9% par Crédit Agricole) ont investi plusieurs millions d’euros dans Elbit Systems, le géant israélien de l’armement.

L’armurier israélien est accusé de participer activement aux violations du droit international dans les territoires palestiniens occupés.

Des investissements en hausse depuis le 7 octobre

Selon Off Investigation, des documents déclarés auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC), révèlent que BNP Paribas et Amundi détiennent des actions significatives dans Elbit Systems.

BNP Paribas possédait, au 30 septembre 2024, 678 000 dollars (651 000 euros) d’actions dans Elbit Systems, tandis que Amundi détenait, à la même date, 14 099 actions pour une valeur totale de 2,96 millions de dollars (2,84 millions d’euros).

Ces investissements ont pris un tournant récent depuis le 7 octobre 2023. BNP Paribas a repris ses achats entre mars et juin 2024, en pleine escalade du conflit, alors que jusqu’en 2022, elle ne détenait plus d’actions dans Elbit Systems.

Amundi, pour sa part, a considérablement accru ses investissements après le début de la guerre israélienne contre Gaza le 7 octobre 2023.

Les deux institutions se défendent en affirmant que ces investissements ont été réalisés pour le compte de leurs clients et non en fonds propres et laissent planer des zones d’ombre sur la répartition exacte entre fonds propres et portefeuilles clients.

BNP Paribas explique qu’il s’agit d’ordres de clients ou de couvertures de risques via des indices boursiers.

Amundi, bien que déclarant ne pas investir pour son propre compte, refuse de fournir des détails précis sur l’origine et la finalité de ses investissements.

Pour l’instant, ni BNP Paribas ni Amundi n’ont répondu de manière satisfaisante aux questions sur leurs responsabilités.

Les crimes d’Elbit Systems

Les armes de l’entreprise Elbit Systems sont directement impliquées dans les opérations militaires israéliennes à Gaza.

Le 1er août 2024, elle a signé un contrat de 345 millions d’euros avec le ministère israélien de la Défense pour fournir des armes et des munitions qui sont massivement utilisés dans des attaques meurtrières.

Le 1er avril 2024, un drone Hermes 450 a ciblé des véhicules humanitaires de l’ONG World Central Kitchen, causant la mort de sept personnes.

Le 19 avril 2024, une bombe MPR 500, fabriquée par IMI (propriété d’Elbit), a tué neuf civils, dont six enfants. Amnesty International affirme qu’aucune cible militaire n’était présente à proximité.

Des investissements illégaux

Selon Ghislain Poissonnier, magistrat et vice-président de l’association Juristes pour le respect du droit international, tout investissement dans Elbit Systems est illégal pour deux raisons principales.

D’abord parce que la Cour internationale de justice (CIJ) a mis en garde contre un risque plausible de génocide à Gaza, dans une ordonnance du 26 janvier 2024, imposant une obligation de prévention à tous les États et entreprises.

Deuxièmement parce que la CIJ a également confirmé, le 19 juillet 2024, que l’occupation israélienne de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est est illégale. Toute activité soutenant cette occupation est donc interdite.

Outre le droit international, ces pratiques pourraient violer la loi française de 2017 sur le devoir de vigilance, qui oblige les entreprises à prévenir les violations graves du droit humanitaire.

En soutenant indirectement les activités d’Elbit Systems, les investissements financiers des banques et gestionnaires d’actifs, participent à alimenter le génocide israélien, alors que les attaques contre Gaza se poursuivent.

TRT Francais