C’est un mandat ministériel qui commence mal. Nommée la semaine dernière dans l'équipe dirigée par Gabriel Attal, Amélie Oudéa-Castera, également chargée des Sports et des Jeux olympiques de Paris 2024, est au cœur d’une controverse.
Vendredi dernier, Amélie Oudéa-Castéra a expliqué, en réponse à un journaliste à propos de la scolarisation de ses trois enfants au collège et lycée privé Stanislas, que son aîné avait d'abord été scolarisé dans le public, à Littré, mais que la famille avait ensuite opté pour le privé en raison de sa "frustration" face à "des paquets d'heures pas sérieusement remplacées" dans le public. Ces absences ont conduit la ministre et son mari à chercher une solution différente, "comme des centaines de milliers de familles". Ils ont choisi la "proximité" en scolarisant leurs enfants à Stanislas, située "dans leur rue".
"Lamentable, provocation, hallucinant"
Les propos d'Amélie Oudéa-Castéra ont immédiatement suscité les réactions des syndicats enseignants, déjà mécontents de la fusion des ministères de l'Éducation et des Sports.
"Il y a une forme de provocation, il y a une forme de méconnaissance de ce qu’est la réalité. Elle est aujourd’hui ministre de l’Education nationale et dès sa première sortie elle provoque et jette le discrédit sur l’enseignement public, sur les enseignants notamment, sur cette école-là. Être hors jeu dès les premières minutes du match, c'est quand même un sacré exploit", a déclaré Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées, sur BFMTV. Le Snes-FSU a demandé à la ministre "des excuses publiques" mais "nous n'avons eu ni réponse claire ni engagement", a regretté Vénétitay.
La CGT Education a, de son côté, parlé d’une "lamentable et indigne prise de parole de la nouvelle ministre".
De son côté, le secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, juge "hallucinante" la justification de la ministre sur X : "L’école publique dont je suis désormais la ministre n’était pas assez bien pour mes enfants alors je les ai scolarisés dans un lycée privé dont les valeurs sont, selon les enquêtes qui y ont été réalisées, loin des valeurs républicaines".
"Comment peut-on être ministre de l’Education nationale et mépriser autant l’école publique ?", s’est interrogé le député socialiste Boris Vallaud tandis que le député de Paris, Rodrigo Arenas, a saisi le recteur de l’académie de Paris "pour vérifier les propos dénigrants de la ministre de l’Éducation nationale à propos de l’école Littré".
Quelques heures plus tard, la ministre a exprimé ses regrets : "Mes propos ont pu blesser certains enseignants de l'enseignement public, ce que je regrette. Je n'avais aucunement cette intention" a-t-elle écrit à l'AFP.
Mais un article de Libération a, de nouveau, mis le feu aux poudres. Selon le quotidien, le choix de la ministre de scolariser ses enfants dans le privé n'était pas lié à des problèmes de non-remplacement de professeurs. Selon l’article, seul le fils aîné d'Amélie Oudéa-Castéra a été brièvement scolarisé dans le public, en petite section de maternelle. D'après le témoignage de son enseignante de l'époque, en 2009, la ministre et son mari ont décidé d'envoyer leur fils à Stanislas parce que l'école Littré avait refusé un passage anticipé de leur fils en moyenne section, jugeant l'élève encore trop jeune.
L'ancienne institutrice affirme n'avoir jamais été absente durant les six mois où l'enfant a été scolarisé à l’école publique. Un témoignage soutenu par les parents d’élèves mais aussitôt démenti par l’entourage de la ministre.
Appel à la démission
Face à ce tollé, l’opposition a demandé la démission de la ministre. "Les jours passent et les mensonges s'accumulent", a réagi le chef du Parti communiste, Fabien Roussel, dans un message sur X, ajoutant qu'"il est temps de démissionner". Même son de cloche chez la députée écologiste Sandrine Rousseau, qui a écrit : "Il faut partir maintenant Madame".
"Je ne sais pas si on a déjà démarré aussi mal une prise de fonction en tant que ministre de l'Education nationale", a résumé le leader de la FSU, première fédération syndicale d'enseignants, Benoît Teste. Si la ministre a fini par demander lundi de "clore" le "chapitre des attaques personnelles", des syndicats ont appelé à des grèves les 25 janvier et 1er février prochains.