"Dans le cadre de ma fonction de pharmacien, une enquête est en cours. Permettez-moi de réserver les échanges que je devrais avoir avec les autorités compétentes", a déclaré vendredi à la radio locale France Bleu Normandie Agnès Firmin Le Bodo, qui était ministre déléguée avant sa nomination mercredi à la Santé.
Selon le média en ligne Mediapart, cette pharmacienne de profession a reçu "sans les déclarer" des cadeaux d'une valeur estimée au total à 20.000 euros, de 2015 à 2020, du groupe pharmaceutique Urgo.
Mme Firmin Le Bodo, qui dirige une officine au Havre (ouest), "est soupçonnée de s’être fait livrer à 21 reprises, de 2015 à 2020, des produits de luxe – des montres, bouteilles de vin et magnums de champagne, coffrets pour des week-end... – pour un montant total évalué à 20.000 euros, de la part des laboratoires Urgo", détaillait Mediapart.
"Urgo cherchait ainsi à fidéliser les pharmaciens et à augmenter leurs marges commerciales", poursuit le média.
Sans donner l'identité des personnes mises en cause, le procureur de la République du Havre Bruno Dieudonné avait confirmé jeudi à l'AFP qu'une enquête avait été ouverte "dans le prolongement de l'affaire" qui a abouti à la condamnation des laboratoires Urgo en janvier 2023.
Le groupe avait alors été condamné à une amende de 1.125.000 euros, dont 625.000 avec sursis, pour avoir offert des cadeaux à des pharmaciens, en contrepartie de l'abandon de remises commerciales, une pratique strictement interdite.
Agnès Firmin Le Bodo, jusqu'alors ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des professions de santé, a été nommée ministre de la Santé par intérim après la démission d'Aurélien Rousseau sur fond de désaccord sur la loi immigration, dont l'adoption a fracturé la majorité présidentielle.