Dans un entretien accordé, vendredi, à plusieurs titres de la presse régionale française, dont Le Parisien, à l’occasion du Sommet mondial sur l’IA qu’il copréside avec l’Inde, il a insisté sur la nécessité d’une accélération stratégique.
“C’est une bataille d’indépendance”, a-t-il martelé, appelant l’Union européenne à ne pas se laisser distancer par les États-Unis et la Chine.
Le locataire de l'Élysée a défendu un “réveil européen”, illustré par l’annonce d’un plan de développement de supercalculateurs au niveau continental. Ursula von der Leyen doit en exposer les grandes lignes lors de cet événement organisé à Paris.
Sur le plan économique, Macron plaide pour un “patriotisme technologique”, encourageant les entreprises à privilégier l’achat de solutions IA européennes : “Il faut y aller à fond, acheter l’IA française et européenne à chaque fois qu’elle existe !”
Pour soutenir cette dynamique, il a dévoilé plusieurs initiatives majeures, dont un objectif de 100 000 chercheurs en IA formés d’ici à 2030 et le développement de 35 nouveaux sites de data centers en France, dont un projet stratégique avec les Émirats arabes unis représentant entre 30 et 50 milliards d’euros d’investissements.
Toutefois, cette accélération soulève des inquiétudes, notamment dans le monde de la culture et de l’emploi. Macron reconnaît ces préoccupations, mais assure que “l’IA peut être un instrument de création”, tout en promettant des mesures pour protéger les droits des artistes et des auteurs.
Concernant l’impact sur le travail, il estime que l’IA doit permettre de réduire les tâches répétitives et de stimuler la compétitivité industrielle, plutôt que de détruire des emplois. Un observatoire international sera créé pour suivre ces transformations.
S’il se montre favorable à un encadrement des usages, il met en garde contre une réglementation excessive qui freinerait l’innovation. “Il y a un risque que l’Europe se donne trop de règles et ne puisse plus innover”, a-t-il averti.
Pour rappel, le gouvernement français a annoncé, le 31 janvier, la création d’un institut public chargé de la surveillance de l’intelligence artificielle (IA). Baptisé Institut national pour l’évaluation et la sécurité de l’intelligence artificielle (Inesia), il a pour mission d’anticiper les risques liés à cette technologie émergente, selon un communiqué du gouvernement.
L’exécutif a précisé que l’Inesia serait piloté conjointement par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) et la Direction générale des entreprises (DGE) du ministère de l’Économie. Cet institut ne disposera pas des pouvoirs d’un régulateur, mais étudiera scientifiquement l’ensemble des effets de l’IA, notamment en matière de sécurité.
L’Inesia n’est pas une entité nouvelle à proprement parler, mais plutôt une fédération de plusieurs administrations existantes parmi lesquelles, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria), le Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE) et le Pôle d’expertise de la régulation numérique (PEReN).