"Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre", a expliqué le président français à l'issue d'une conférence internationale de soutien à l'Ukraine.
Le chef de l'Etat n'a pas souhaité en dire plus sur la position de la France sur cette question, évoquant une "ambiguïté stratégique qu’ [il]'assume".
Mais "je n'ai absolument pas dit que la France n'y était pas favorable", a-t-il prévenu. "Je ne lèverai pas l'ambiguïté des débats de ce soir en donnant des noms. Je dis que ça a été évoqué parmi les options", a-t-il ajouté.
Cette option n'avait jusque-là jamais été mentionnée par la France. Interrogé à la sortie de la réunion à l'Elysée, le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a lui assuré que cette question de l'envoi de troupes au sol n'avait pas été à l'ordre du jour.
"Beaucoup de gens qui disent +Jamais, jamais+ aujourd'hui étaient les mêmes qui disaient +Jamais des tanks, jamais des avions, jamais des missiles à longue portée+ il y a deux ans", a néanmoins poursuivi Emmanuel Macron. "Ayons l'humilité de constater qu'on a souvent eu six à douze mois de retard. C'était l'objectif de la discussion de ce soir : tout est possible si c'est utile pour atteindre notre objectif".
Le président français a néanmoins rappelé que les alliés de l'Ukraine n'étaient "pas en guerre avec le peuple russe", mais qu'ils ne voulaient "simplement pas les laisser gagner en Ukraine".
Emmanuel Macron a par ailleurs annoncé la création d'une nouvelle coalition dédiée à la livraison de missiles de moyenne et longue portée, sur fond d'inquiétudes ukrainiennes sur le volume comme sur le calendrier de livraison des munitions déjà prévues.
Il a listé cinq "catégories d'actions" faisant consensus : le cyber-défensif ; la coproduction d'armements, de capacités militaires et de munitions en Ukraine ; la défense de pays menacés directement par l'offensive en Ukraine, comme la Moldavie ; la "capacité de soutenir l'Ukraine à sa frontière avec la Biélorussie avec des forces non militaires" et les opérations de déminage.
"Nous avons la conviction que la défaite de la Russie est indispensable à la sécurité et la stabilité en Europe", a encore répété le chef de l'Etat après une longue réunion à l'Elysée, débutée en fin d'après-midi et conclue tard dans la soirée de lundi.
Réactions
Les déclarations du président français ont suscité, à gauche comme à droite, des réactions unanimes dans la scène politique française.
Le président de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a assuré que l’envoi de troupes en Ukraine ferait de la France une belligérante, et qu’une “guerre contre la Russie serait une folie”.
La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen a quant à elle, pointé du doigt la “gravité” de ces déclarations, accusant Emmanuel Macron de jouer “au chef de guerre”.
Le président des Républicains, Eric Ciotti, a, pour sa part, critiqué “une déclaration lourde de terribles conséquences”.