La décision de la Turquie d’intervenir dans l’affaire de génocide déposée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de Justice (CIJ) marque un développement important dans la bataille juridique sur les atrocités en cours.
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L’article 63 du Statut de la CIJ accorde à la Turquie le droit d’intervenir dans l’affaire et de présenter, ainsi, son point de vue sur la question.
L’affaire elle-même tourne autour d’accusations de génocide commis par Israël, notamment concernant ses actions à Gaza depuis le 7 octobre 2023. La CIJ a ordonné en janvier dernier à Tel-Aviv d’empêcher tout éventuel acte génocidaire et de prendre des mesures pour s’assurer que l’aide humanitaire parvienne aux civils à Gaza.
L’annonce de l’intervention d’Ankara par le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, souligne l’engagement du pays en faveur de la justice et sa position contre le génocide.
Cette décision s’aligne également sur les objectifs plus larges de la politique étrangère de la Turquie, en particulier en ce qui concerne sa position au Moyen-Orient et son soutien aux droits des Palestiniens.
L’intervention de la Turquie dans cette affaire ajoute une nouvelle dimension à la procédure judiciaire, ce qui pourrait influencer l’issue et mettre en évidence la dynamique géopolitique complexe en jeu dans la région. Au fur et à mesure que l’affaire se déroulera, le monde suivra de près la manière dont l’intervention de la Turquie façonnera le cours de la justice et l’avenir du conflit israélo-palestinien.
“Nous persisterons avec détermination à faire en sorte qu’Israël, déjà condamné dans la conscience de l’humanité, soit confronté aux conséquences juridiques de ses actes. Pendant 75 ans, l’apartheid israélien, 56 ans d’occupation et 16 ans de politiques de blocus contre la Palestine ont visé à coloniser et à annexer les terres palestiniennes, créant un régime qui permet aux colons illégaux de violer les droits fondamentaux du peuple palestinien”, a déclaré le professeur Cuneyt Yuksel, président de la Commission de la justice de la Grande Assemblée nationale turque.
Israël, par ses attaques contre les Gazaouis et la rhétorique des dirigeants israéliens, encourageant l’extermination massive des Gazaouis, a révélé son intention génocidaire et violé la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide. Le droit international doit être appliqué et respecté de manière égale pour toutes les personnes en toutes circonstances, sans exception ni exceptionnalisme permis “, a-t-il plaidé.
“Nous espérons que la Cour internationale de Justice agira également conformément à ce principe, et nous assurons une fois de plus que la Turquie apportera tout le soutien possible à ce processus devant la Cour.”
Nouvelle phase dans l’affaire
Si la demande de la Turquie est approuvée, elle deviendra le premier pays parmi les membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à intervenir dans cette affaire.
“Nous attendons de la CIJ que le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis par Israël soient révélés et portés à immédiatement à la connaissance du public, a déclaré Yuksel.
Cette décision souligne aussi l’engagement de la Turquie en faveur de la justice et sa position proactive sur les questions liées aux droits humains et au droit international. L’intervention de la Turquie fournirait des perspectives précieuses sur la manière dont cette convention devrait être interprétée dans le contexte des allégations contre Israël.
“La Turquie vise à renforcer le dossier de l’Afrique du Sud avec cette mesure. Le Nicaragua et la Colombie ont déjà tenté d’intervenir dans la même affaire avec des requêtes distinctes, mais le tribunal n’a pas encore rendu de jugement sur leur demande. L’avantage de l’intervention de la Turquie et d’autres pays dans l’affaire sud-africaine est qu’elle peut fournir des preuves plus actualisées des violations de la Convention sur le génocide commises par par Israël“, a expliqué l’avocat franco-américain Frank Romano.
Il peut également demander une audience séparée devant les juges de la CIJ, afin qu’ils puissent, en examinant davantage de preuves de violations israéliennes, être enclins à ordonner davantage de mesures provisoires, telles que l’ordre d’un cessez-le-feu et/ou l’ordre à Israël de rendre des comptes chaque semaine conformément aux ordonnances de la CIJ. Cela peut inspirer d’autres membres, tels que les membres de l’Organisation des pays islamiques, à se joindre à l’affaire de l’Afrique du Sud. Cela renforcerait le dossier de l’Afrique du Sud “, ajoute Romano.