Le dîner organisé le 20 septembre 2023 à Versailles à l’occasion de la visite de Charles III en France, avait suscité de vastes controverses. Le coût du diner avait été estimé à 6,7 millions d'euros par certains députés de l'opposition. (Others)

Tandis que des milliards d’euros seront retirés des services publics, notamment dans l’éducation et la santé, l’Élysée et le Parlement continuent d’augmenter leurs budgets.

Ce décalage entre les sacrifices imposés à la population et les dépenses somptuaires des élites politiques a suscité l’indignation générale, tandis qu’une nouvelle fracture entre les gouvernants et le peuple semble se creuser.

L’Elysée à l’abri des restrictions

Dans ce nouveau plan budgétaire, l’Élysée souhaitait bénéficier d’une hausse de budget de 3 millions d’euros en 2025, atteignant un montant record de 125,7 millions.

Cette augmentation devait s'ajouter à une série de hausses répétées depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron en 2017. À cette époque, le budget de la présidence était de 102 millions d’euros, et en l’espace de sept ans, il a bondi de plus de 25%.

Les dépenses de l’Élysée couvrent des postes tels que la restauration gastronomique, les chauffeurs, la décoration et l’organisation de réceptions somptueuses.

En 2023, alors que la pauvreté augmentait, l’Elysée avait déjà annoncé une hausse de 5,2 millions d’euros pour des “dépenses exceptionnelles” liées aux Jeux olympiques et à d’autres événements internationaux.

Mais pour 2025, aucune justification de ce type n'a été avancée.

16 millions pour le Parlement

Le contraste ne s’arrête pas à l’Élysée. Le Parlement, composé de l’Assemblée nationale et du Sénat, souhaitait s’offrir également une généreuse augmentation de budget dans le plan annoncé.

Pour 2025, l’Assemblée voulait augmenter son financement de 10 millions d’euros, portant son budget à 617 millions d’euros. De son côté, le Sénat, pourtant déjà bien doté, aurait dû bénéficier d’une hausse de 6 millions d’euros, atteignant ainsi 359 millions.

Officiellement, cette augmentation visait à “compenser l’inflation”.

Cependant, cette explication ne passe pas auprès d’une grande partie de la population, surtout quand on sait que les élus n’ont pas jugé nécessaire de revaloriser les salaires des fonctionnaires ou les minimas sociaux en proportion de cette inflation.

De plus, la Cour des Comptes révélait récemment que le Sénat disposait déjà de 1,9 milliard d’euros de réserve, montant amplement suffisant pour couvrir ses besoins sans avoir à demander de rallonge budgétaire.

Interrogée sur cette contradiction lors d'une interview à la télévision, Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, a affirmé “qu’il n’y a rien à économiser à l’Assemblée”.

Une déclaration qui a alimenté le ressentiment populaire contre une classe politique perçue comme déconnectée de la réalité.

Privilèges des députés

Les privilèges des élus sont également pointés du doigt. Déjà, en janvier 2024, les sénateurs et députés avaient augmenté leurs indemnités de mandat de respectivement 700 et 305 euros par mois.

Des montants qui viennent s’ajouter à des rémunérations déjà conséquentes : un sénateur touche une indemnité de base de 7.600 euros par mois, en plus de 6.000 euros pour ses “frais de mandat”.

À cela s’ajoutent des avantages comme 18.950 euros par an pour ses déplacements, des appareils électroniques fournis et même des créneaux réservés dans des piscines élitistes.

Du côté des députés, la situation n’est guère différente, avec des rémunérations de 7.500 euros net par mois, accompagnées d'une enveloppe mensuelle de 5.950 euros pour leurs frais.

Cette gestion luxueuse des fonds publics, alors même que les Français font face à une inflation galopante, à des salaires stagnants et à des services publics sous-financés, est vivement critiquée.

Ces avantages, qui semblent démesurés face à la précarité grandissante de nombreux Français, alimentent un sentiment d’injustice sociale.

D’autant plus que ces élus sont souvent accusés de n’assister qu’à une fraction des séances parlementaires, se contentant d’apparaître pour voter des lois jugées répressives et antisociales.

L’austérité pour les uns, les privilèges pour les autres

Alors que le gouvernement prévoit d’économiser 40 milliards d’euros en 2025 en taillant dans les dépenses publiques, notamment dans l'éducation et la santé, les réactions sont vives. Plusieurs appels à manifester ont été partagés sur les réseaux sociaux contre le nouveau plan budgétaire.

Pendant que le peuple est appelé à faire des sacrifices, l’élite politique semble à l’abri de toute forme d’austérité.

Le fossé entre le discours officiel sur la nécessité des efforts partagés et la réalité des dépenses somptuaires semble progressivement entraîner de plus en plus de Français dans un sentiment de révolte.

Mais face à la polémique et la pression populaire croissante, l’Élysée, l’Assemblée et le Sénat ont rétropédalé et annoncé, ce mardi, qu’ils ne demanderont pas d’augmentation de leur dotation pour 2025.

“Le chef de l’État souhaite que la présidence de la République donne l’exemple”, a affirmé l’Élysée dans un communiqué.

Les deux chambres du Parlement ont annoncé elles aussi un effort budgétaire via un communiqué de leurs présidents Yaël Braun-Pivet (Assemblée) et Gérard Larcher (Sénat) : l’Assemblée nationale comme le Sénat proposeront lors des débats budgétaires de l’automne de renoncer à l’indexation de la dotation du Parlement sur le taux d’inflation.

TRT Français et agences