Le gouvernement hongrois a confirmé ne pas avoir approuvé le déboursement de cette nouvelle enveloppe car "il n'est pas d'accord pour que l'Union européenne, qui dispose d'autres instruments, utilise la Facilité européenne de soutien à la paix exclusivement pour l'Ukraine".
"Il ne resterait alors plus de ressources suffisantes pour promouvoir les intérêts de l'UE dans d'autres régions (par exemple, les Balkans, la région du Sahel, l'Afrique du Nord)", fait-il valoir.
Le chef de la diplomatie hongroise Péter Szijjártó a estimé mercredi que ce déboursement "augmenterait le risque d'escalade du conflit".
Il a par ailleurs dénoncé "l'attitude de plus en plus hostile de l'Ukraine vis-à -vis de la Hongrie" avec l'inscription "injustifiable" de la banque hongroise OTP sur la liste noire établie par les autorités ukrainiennes pour sanctionner les entreprises qui aident l'effort de guerre russe.
"Tant que la banque OTP sera maintenue sur sa liste noire par l'Ukraine, la Hongrie ne pourra pas accepter des décisions qui exigeraient de nouveaux sacrifices économiques et financiers de la part de l'Union européenne et de ses Etats membres", a-t-il averti à l'issue d'un déjeuner de travail avec son homologue autrichien Alexander Schallenberg.
Budapest a maintenu cette objection au cours des rencontres organisées mardi et mercredi pour préparer la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE le 22 mai à Bruxelles, ont confirmé plusieurs délégations.
La Hongrie ne bloque pas les livraisons d'armes et de munitions réclamées par les forces armées ukrainiennes pour repousser l'armée russe. Mais elle empêche leur remboursement aux Etats membres, a-t-on précisé.
L'unanimité est requise pour approuver l'utilisation des fonds de la Facilité européenne pour la paix (FEP) dont la dotation initiale de 5,7 milliards d'euros pour 2021-27 a été augmentée de 2 milliards d'euros en mai.
La Facilité est utilisée pour rembourser aux Etats membres 40% de la valeur des armements livrés à l'Ukraine et former les militaires ukrainiens. Elle est abondée par les contributions des Etats membres et 66% de ses financements sont fournis par l'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne.
Depuis l’offensive russe en Ukraine en février 2022, les Etats membres ont débloqué 3,6 des 5,7 milliards d'euros de la dotation de la FEP pour leur soutien militaire à Kiev et ont ajouté 2 milliards pour fournir aux forces ukrainiennes au moins un million d'obus de 155 mm et reconstituer leurs stocks stratégiques de munitions.
Un accord de principe est acquis pour allouer un nouveau financement de 3,5 milliards d'euros pour abonder la Facilité, ont précisé les diplomates.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a l'intention de demander lundi aux ministres un complément financier pour la FEP, car pour décaisser une nouvelle tranche, il faut compléter la dotation, a confirmé mercredi un haut fonctionnaire européen.
L'arrêt des remboursements risque de dissuader certains Etats membres de poursuivre leurs fournitures d'armes à l'Ukraine au moment où Kiev prépare une contre-offensive et réclame des armements plus modernes, notamment des avions de combats et des capacités de frappe de longue portée.
La Hongrie n'avait jamais bloqué jusqu'alors l'utilisation de la FEP à laquelle elle contribue financièrement, même si elle ne fournit ni armes ni munition à l'Ukraine, comme l'Autriche et l'Irlande.
"Le cas de l'OTP sera abordé lors de la réunion lundi et je suis certain que nous allons résoudre le problème avec la Hongrie", a assuré le haut fonctionnaire européen.