Le président américain Joe Biden avec le président angolais Joao Manuel Goncalves Lourenço dans le Bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, aux États-Unis, le 30 novembre 2023. / Photo: Reuters (Reuters)

Durant la campagne électorale pour la présidentielle américaine, Donald Trump n’a pas présenté de programme spécifique pour l’Afrique. Tout au plus, l’on sait que lors de son précédent mandat, il avait parlé du continent sous forme de juron.

Dans la réalité, le président américain élu n'ignore pas l'importance du continent pour l'économie américaine. Il le considère comme un pourvoyeur majeur de matières premières stratégiques, à même de faire la différence avec des rivaux comme la Chine ou l’Europe.

La RDC, abondamment riche de minerais critiques comme le lithium, le cuivre et le coltan entre autres, a ravivé l’intérêt du président américain élu pour ce pays, d'après des activistes locaux.

“Il ne fait l’ombre d’aucun doute que si Trump arrive au pouvoir, il lèvera aussitôt la mesure excluant l’homme d’affaires israélien Dan Getler du système financier américain”, soulignait à TRT Français l’activiste Emmanuel Umpula du collectif “Le Congo n’est pas à vendre”, peu avant la présidentielle aux Etats-Unis.

Dan Gertler, un milliardaire israélien qui a fait fortune dans l’exploitation du cobalt, du cuivre et du diamant en République Démocratique du Congo, est associé à la corruption dans le secteur minier. Exclu dans un premier temps du système financier américain, il avait été réhabilité par Donald Trump en 2021, peu avant son départ de la Maison Blanche avant que Joe Biden n’annule la décision.

S’exprimant avant la victoire du candidat républicain, l’analyste politique et activiste Congolais, Espoir Ngalukiye, a affirmé que la réhabilitation programmée du magnat israélien des mines en RDC témoigne de l'intérêt des Etats-Unis pour les matières premières de l’Afrique, dans un contexte de concurrence accrue avec les chinois.

“L'essentiel sera la préservation des intérêts économiques de l'Amérique en Afrique”, expliquait l’activiste et analyste politique qui assure que les Américains accentueront leurs investissements dans les mines en Afrique.

600 milliards de dollars d’investissements en vue

D'après les informations du FMI, l’Afrique possède 30% des réserves prouvées de minerais essentiels. Il s’agit précisément de 85% de manganèse, 80% de platine, 47% de cobalt et 11% de cuivre. Des minerais au cœur de la transition énergétique.

Ces matières premières entrent dans la fabrication de véhicules électrifiés (cobalt, cuivre, lithium, graphites), dans les piles à combustible (métaux du groupe platine) et dans les technologies de l’éolien et du solaire photovoltaïque (cuivre, lithium, cobalt, nickel).

Sur le terrain des véhicules industriels, la Chine avec ses 45% de parts de marché devance largement les Etats-Unis (11% de parts de marché), selon les prévisions de 2024 de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Pour pallier ce retard et le combler à long terme, Washington envisage d'accéder aux métaux critiques au cœur de l’Afrique. Trump devra donc s’inscrire dans la logique de Barack Obama et de Biden en assurant les investissements massifs dans les voies d'accès.

Sous Trump, les Américains devront relier le port angolais de Lobito (sur l’Atlantique) au bassin des minerais critiques situés dans le nord de la Zambie et au sud de la RDC, afin de sécuriser leurs approvisionnements en cuivre, cobalt et manganèse notamment. Les États-Unis ont annoncé leur intention de mobiliser avec leurs partenaires 600 milliards de dollars pour parvenir à leur objectif en 2027.

A l’observation, l'arrivée de Trump à la Maison Blanche avec l’intensification annoncée de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, pourrait dans une certaine mesure profiter à l'Afrique. L’on s’attend à des investissements massifs dans les minerais stratégiques (en RDC et en Zambie notamment) et dans le chemin de fer (entre l’Angola, la RDC, la Zambie et même la Tanzanie).

TRT Français et agences