Emmanuel Macron a vu sa popularité baisser même dans son camp cette année / Photo: AFP (AFP)

Janvier et décembre 2024, manifestations des agriculteurs français

Symbole même de la crise politique que vit la France, cela fait un an que les exploitants agricoles demandent des mesures d'urgence pour assurer un revenu décent à tous les exploitants, une simplification des contrôles, des indemnisations pour les éleveurs qui ont perdu leur troupeau à cause de plusieurs épizooties (75 millions d ‘euros) et une loi d’orientation agricole qu’ils attendent depuis deux ans et demi.

Certains syndicats agricoles veulent également le rejet de l’accord de libre-échange avec les États sud-américains du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay, Chili).

Mais les promesses de l'Etat ne sont pas suivies d'effet, la dissolution de l’Assemblée nationale, puis la chute du gouvernement Barnier ont fait échouer le vote ou la mise en œuvre des mesures attendues.

Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) a demandé un rendez-vous au nouveau Premier ministre et n’a pour l’instant aucune réponse. Il exige que le gouvernement “respecte la parole de l’Etat” sinon les manifestations pourraient reprendre.

13 mai, Paris passe en force, des émeutes éclatent en Nouvelle-Calédonie

La paix relative qui régnait depuis les accords de Matignon en 1988 vole en éclats après la décision prise par l’Elysée et Matignon d’élargir le corps électoral en Nouvelle-Calédonie. Paris veut élargir le corps électoral pour les scrutins provinciaux aux résidents installés depuis au moins dix ans dans cet archipel. Le 13 mai, pendant que les députés discutaient le texte, des émeutes éclatent à des milliers de kilomètres d’eux.

Le territoire engagé dans un processus de décolonisation a gelé son corps électoral pour que les Kanaks, le peuple autochtone, ne soient pas mis en minorité par l’arrivée de métropolitains. Malgré l’opposition des partis Kanaks à cette réforme, Paris décide de passer outre.

Les émeutes ont duré plus de trois semaines, fait 14 morts et plus de 2 milliards d’euros de dégâts. Finalement, Emmanuel Macron retire sa réforme.

Treize membres de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain) du FLNKS, qui regroupe la grande majorité des mouvements indépendantistes, sont mis en examen pour complicité de tentative de meurtre et association de malfaiteurs.

Sept sont placés en détention provisoire en métropole. Incarcéré à Mulhouse (Haut-Rhin), Christian Tein le président de la CCAT se présente comme “un prisonnier politique”.

9 juin 2024, une dissolution de l’Assemblée surprise

Le 9 juin, le parti Renaissance n’enregistre pas de bons résultats lors des élections européennes. Le groupe arrive second derrière le Rassemblement national qui caracole en tête avec plus de 31% des votes. Renaissance (Renew en Europe) arrive deuxième loin derrière avec 14,6% des voix.

Les élections européennes sont à la proportionnelle. Chaque parti a donc un nombre de députés en fonction de ses résultats dans les urnes, ce n'est pas un bon résultat pour Emmanuel Macron mais son groupe conserve tout de même 13 députés.

Malgré le fait que constitutionnellement, il n’y a pas de raison de dissoudre l’Assemblée, le chef de l’Etat français a pris tout le monde de court en annonçant une dissolution le dimanche soir lors d’une allocution télévisée. Avec cette décision inattendue, Macron semble avoir parié sur “c'est moi ou le Rassemblement national”espérant ainsi voir les Français aller aux urnes pour des législatives anticipées qui lui soient favorables.

7 juillet 2024, 2e tour des législatives, Macron à nouveau perdant dans les urnes.

Si Emmanuel Macron espérait une majorité après ces législatives, c'est râté. Il se retrouve avec une Assemblée morcelée en trois blocs, la gauche et extrême gauche, l’extrême droite et au milieu les quatre partis aux affaires qui voient leur nombre de députés diminuer. Finalement, le gagnant des élections, ce sont les extrêmes.

Le Nouveau front populaire arrive en tête et cumule 180 députés, le Rassemblement national fait une percée avec 130 députés, le camp présidentiel prend une claque, il perd sa majorité relative de 250 députés pour n’en afficher plus que 163. Aucun groupe n’a la majorité absolue requise de 289 députés.

Dans la foulée, le gouvernement de Gabriel Attal démissionne et la France attendra jusqu'au 15 septembre un nouvel exécutif.

14 au 30 juillet, les JO de Paris, un coup de pub pour Macron

Pas moins de 54 sports, 15 000 athlètes, plus de 200 pays accueillis et le refus du Comité international olympique de faire défiler les sportifs israéliens sous bannière neutre malgré la guerre et les crimes commis à Gaza. C’est un peu le résumé qu’on peut faire de ces Jeux Olympiques. Si les athlètes russes ont dû défiler sous bannière neutre à cause de la guerre en Ukraine, les sportifs israéliens n’auront pas à le faire, ils seront même ultra-protégés dans le village olympique.

Les JO de Paris ont mis un peu de baume au cœur d’Emmanuel Macron qui a multiplié les photos avec les athlètes français, histoire de soigner son image après une dissolution catastrophique, au point d’agacer certains athlètes qui n’ont pas manqué de rappeler le manque de moyens de certains sports en France.

Le pari d’installer les épreuves au cœur de la ville de Paris a, c’est vrai, séduit un large public et redoré l’image de la France et les JO de Paris se concluent avec un excédent de 27 millions d’euros grâce à la vente de 12 millions de billets pour les épreuves. Un cas unique dans l’histoire des villes olympiques.

4 décembre 2024, la crise politique continue, le gouvernement Barnier est censuré

Michel Barnier pourtant auréolé de son passage au sein de la Commission européenne n’aura duré que trois mois. Nommé le 5 septembre, il tombe le 4 décembre. Le gouvernement de Michel Barnier est censuré par le vote des députés de gauche et du Rassemblement national. Le Premier ministre n’a pas trouvé de soutien en dehors du bloc présidentiel (Renaissance, Républicains, Horizons et MoDem) et a décidé de passer son budget de la sécurité sociale 2025 avec un 49.3.

Cet outil permet de faire passer un texte sans vote, mais le gouvernement s’expose alors au risque d’une motion de censure. Cette pratique a été largement utilisée par la Première ministre Elisabeth Borne.

C’est la première fois depuis 1962 qu’un gouvernement tombe avec une motion de censure. La crise politique s’intensifie, Emmanuel Macron refuse toujours de nommer un Premier ministre de gauche.

7 décembre 2024, réouverture de Notre-Dame de Paris après 5 ans de travaux

Nouveau baume au cœur d’Emmanuel Macron qui voit sa côte de popularité baisser, la réouverture de la cathédrale de Paris. Le président a voulu que ce soit une cérémonie haute en couleurs, une opération de communication qui pourrait lui servir. La cérémonie mêle show-bizz et discours politique en présence d’une cinquantaine de chefs d’Etat dont Donald Trump, le président élu américain.

L’archevêque de Paris n’a pas trop apprécié l’opération de publicité du président de la République française et lui a d’ailleurs interdit de faire son discours à l’intérieur de l’édifice, lui rappelant que c’est un lieu de culte.

Les travaux pour reconstruire Notre Dame après l’incendie du 15 avril 2019 ont coûté 700 millions d’euros. La restauration s’est faite grâce à 340 000 donateurs privés.

14 décembre, Mayotte dévastée par un cyclone

Le département français situé dans l’Océan indien est ravagé par le cyclone Chido. Les bidonvilles et les habitats précaires ont été totalement détruits, 70% des habitations ont été endommagées. La population a besoin d’eau et de nourriture. L’aide humanitaire met du temps à arriver sur place malgré un pont aérien et maritime depuis la Réunion.

La France est accusée de lenteur et les Mahorais en colère cherchent des milliers de personnes disparues depuis la catastrophe. Le bilan officiel de 39 morts serait donc très largement sous-estimé.

Lors de sa visite sur place, le chef de l’Etat a été pris à partie par des Mahorais qui réclamaient de l’eau et de la nourriture. Fidèle à lui-même, le président a lâché une petite phrase malheureuse dont il a le secret: “Si c'était pas la France vous seriez 10.000 fois plus dans la merde !", ce qui lui a valu d’être accusé de racisme.

Emmanuel Macron termine l’année avec une côte de popularité en nette baisse ; Selon un sondage Les Echos-Elabe du 26 décembre 2024, la cote de confiance du président de la République a perdu 6 points cette année, pour tomber à 21 %. C’est son plus bas niveau depuis sa première élection en 2017.

TRT Francais