A l’approche du premier tour de l'élection présidentielle, l'écart se resserre entre les candidats en tête dans les intentions de vote. Durant cette campagne électorale, comme lors des précédentes, si vous allumez n’importe quelle chaîne de télévision française ou ouvrez n’importe quel journal, la réponse sera là, sous forme de sondages, d’enquêtes d’opinion ou de baromètres. En effet, plus on s’approche de la date attendue, plus les sondages s’intensifient.
Les sondages sont comme un thermomètre. Si l’on ne prend pas la température de l’opinion, on ne sait pas quelles sont les tendances. En France, les sondages font partie de la vie politique depuis 1965, et ont pour objectif de savoir ce que le peuple pense avant et après les élections.
Comment fonctionnent les sondages ?
En France, la publication et la diffusion des sondages d’opinion sont très réglementés. La loi du 19 juillet 1977 vise à empêcher que la publication de sondages électoraux n’influence ou ne perturbe la libre détermination du corps électoral. La commission des sondages a une mission de contrôler le respect du cadre législatif. Les instituts de sondage doivent ainsi respecter les quotas de la population concernant l’âge, le sexe, la catégorie sociale et la région entre autres, lorsqu’ils réalisent des échantillonnages.
Il existe de nombreux instituts de sondage en France. Mais aucun d’entre eux n’a les mêmes techniques, ni dans les échantillons qu’ils choisissent, ni dans la façon de calculer, ni dans la façon de poser les questions, ou encore l’ordre dans lequel ces dernières sont posées.
Certains utilisent leur propre panel pour récolter des données et possède une base de données interne. D’autres font appel à une source externe pour son échantillon. D’autres encore utilisent un mélange d’échantillons de personnes qui répondent à leurs questions à la fois sur internet ou au téléphone. Plus l’échantillon représentatif de la population de référence est grand, plus la marge d’erreur est faible, et plus les résultats seront fiables.
Comment les sondages influencent l’opinion publique
Les résultats d’un sondage peuvent-ils nous pousser à modifier nos votes ?
Les sondages et enquêtes d’opinion sont sujets à controverses. Un certain nombre de chercheurs pointe la question de la neutralité et des conditions de réalisation des enquêtes. Les études d’opinion montrent que les électeurs considèrent que les sondages ont un impact sur leur choix, sans toutefois le déterminer complètement.
Un sondage peut aussi être perçu comme un moyen de manipuler l’opinion. Ainsi, les réponses aux sondages seraient plutôt des "indices". À force de mettre en avant tel candidat, certains instituts de sondage ou médias le citeront mécaniquement en position favorable. Le résultat est inverse pour les personnalités les moins citées. "Dans ma tête, je décide de voter pour Éric Zemmour. En lisant un sondage, je m’aperçois qu’Emmanuel Macron est crédité de plus d’intentions de vote au premier tour".
Selon les études, les sondages influencent la partie la plus politisée des électeurs, mais également la stratégie développée par les acteurs politiques. Plus les individus s’intéressent à la vie politique, plus ils sont susceptibles de leur accorder de l’attention.
Elections 2022
Au fil des années, les sondages sont devenus de plus en plus présents pour les élections présidentielles. Les élections de 2002, 2007, 2012 et 2017 avaient donné respectivement lieu à 193, 293, 409 et 560 sondages.
La campagne pour l'élection présidentielle entre dans sa dernière phase avant le premier tour, qui se tiendra ce dimanche 10 avril. La France politique croit toujours aux sondages. Elle va d’ailleurs battre un nouveau record dans cette présidentielle avec le nombre de sondages réalisés.
A près de dix jours du premier tour, nous avons les résultats des sondages effectués ces derniers mois par différents instituts : Ifop-fiducial, Opinion Way, Elabe.
Au début de la campagne, les résultats affichés concernant le candidat présidentiel Éric Zemmour étaient très variables d’un sondage à l’autre. Il est l’un des candidats sur lesquels les différences ont été les plus importantes, ce qui est l’une des raisons pour lesquelles on s’interroge sur la confiance qu’on leur accorde, allant parfois jusqu’à remettre en cause leur fiabilité.
Cette semaine, la tendance d’un duel au second tour opposant Marine Le Pen à E.Macron semble se confirmer. E. Macron conserve un pourcentage important de 28 %. Marine Le Pen continue sa progression en dépassant pour la première fois les 20 % et creuse l’écart avec Jean-Luc Mélenchon, qui récolte 14 % des voix. Eric Zemmour et Valérie Pécresse ne semblent pas être en mesure de se relever de leur chute entamée il y a plusieurs semaines, et récoltent chacun environ 11% des suffrages.
Faut-il croire les sondages ?
Si l’on regarde en arrière, on peut se rappeler que lors des quatre dernières élections présidentielles, le vainqueur se trouvait parmi les favoris dans les sondages à 100 jours du scrutin. En revanche, le score, ainsi que l'ordre d'arrivée des candidats au premier tour et la composition du second tour ont parfois provoqué des surprises.
Les sondages peuvent certes se tromper dans les pourcentages : cependant, il faut rappeler qu'un sondage n'est pas une prédiction, mais une photographie de l'opinion à un instant donné. Nul ne peut prédire avec exactitude les modalités d’un événement à venir. En revanche, il est possible de calculer la probabilité qu’il survienne.