Alors que le conflit russo-ukrainienne se poursuit avec une grande férocité depuis le 24 février 2022, politiciens et dirigeants de tous bords en Occident se sont surpassés sur la définition des crimes de guerre présumés commis par l'armée russe contre les civils ukrainiens. Laissant de côté les récriminations mutuelles des parties belligérantes sur les massacres commis, le président des États-Unis Joe Biden a accusé la Russie d'avoir commis un génocide en Ukraine, allant jusqu'à attribuer au président russe Poutine la tentative d'« effacer l'idée d'être Ukrainien ».
Concernant le présent conflit en Ukraine, Biden n'est pas le seul dirigeant occidental à avoir accusé la Russie de génocide. Le président américain n'hésite pas à accuser Moscou d'avoir commis un génocide en Ukraine, alors que les États-Unis au cours des dernières décennies, sous prétexte de « guerre contre le terrorisme » ou de « possession d'armes de destruction massive », ont lancé des interventions militaires dans des pays comme l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie et la Libye. Des centaines de milliers d'innocents ont été tués dans des opérations de l'armée américaine, notamment en Irak où plus d'un million de civils ont été massacrés.
Pour une définition juridique
Tout d'abord, le terme génocide est une définition juridique. Il vient du mot grec (genos) origine et du mot latin caedere, qui signifie assassiner et abattre. L'idée derrière la Convention des Nations unies sur le génocide, adoptée en 1948 et entrée en vigueur en 1951, fût avancée par le juriste juif polonais Raphael Lemkin.
En termes simples, par génocide il faut entendre tous les crimes commis avec l'intention d'anéantir ou détruire, en partie, un groupe national, ethnique ou religieux. Selon le registre des Nations Unies, ce sont les États-Unis qui, après l'adoption de la Convention des Nations unies sur le génocide, qui ont formulé deux réserves et publié un mémorandum d'accord détaillé.
Le président français Emmanuel Macron, quant à lui, a refusé de qualifier de génocide les actions de l'armée russe en Ukraine. Pour lui, une « escalade des mots » ne contribue pas à la paix. Il a dit que l'armée russe avait effectivement lancée une guerre en Ukraine, mais il est demeuré prudent quant à l'utilisation de ce terme. Dans une interview accordée à une radio française, Macron a expliqué que terme génocide devrait être défini par des avocats et non par des politiciens.
Approche opportuniste
Le président américain Biden et le président français Macron ont tous les deux commenté les actions de l'armée russe en Ukraine, et l'approche opportuniste sinueuse du terme génocide ressort clairement des remarques des deux présidents. C'est précisément dans l'usage inconsidéré de termes tels que génocide que les doubles standards de l'Occident apparaissent au grand jour.
Le terme est toujours utilisé lorsque les intérêts politiques priment sur des accords internationaux contraignants tels que la Convention des Nations unies sur le génocide. D'autant plus que la Convention a été délibérément minée par les groupes de pression arméniens et leurs partisans pendant des années. N'est-ce pas le Parlement français qui, en 2001, a qualifié de "génocide" la réinstallation de la population arménienne pendant la Première Guerre mondiale ? Emmanuel Macron n'a-t-il pas proclamé le 24 avril "jour du Souvenir" en France en 2019 par décret présidentiel, remplissant une promesse électorale faite à l'influent électorat arménien en France ?
Crimes coloniaux français
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, un mouvement de libération a vu le jour en Algérie -- alors sous occupation française, que la France a combattu avec violence. Au cours de cette lutte, plusieurs dizaines de milliers d'Algériens ont d'abord perdu la vie. Dans la guerre d'indépendance anticoloniale en l'Algérie, jusqu'à 1,5 million d'Algériens ont été tués. La France refuse toujours de reconnaître ses crimes coloniaux en Algérie, encore moins de s'excuser, et il n'est pas du tout question de réparations.
Par contre, la France est toujours sur le qui-vive lorsqu'il s'agit d'accuser la Turquie de « génocide » contre les Arméniens ottomans, mais dissimule sa propre participation à la Première Guerre mondiale contre l'Empire ottoman. Elle a non seulement occupé des villes turques telles qu'Adana, Antep, Maraş, Mersin, Osmaniye et Urfa, mais a également soutenu les milices arméniennes rebelles avec des armes et des munitions.
En outre, de nombreux Arméniens combattaient dans les rangs de l'armée française et d'une légion arménienne qui procédait à des massacres et des pillages systématiques de la population civile musulmane turque.
Une traînée de dévastation et d'horreur a parcouru tout l'est de l'Anatolie, et toute l'étendue des atrocités arméniennes contre la population musulmane turque est évidente dans les nombreuses fosses communes qui ont été creusées. Dans la ville d'Igdir, dans l'est de l'Anatolie, par exemple, des unités arméniennes ont attaqué des civils non armés et des centaines ont été cruellement tués. Dans la seule ville de Mus, les milices arméniennes ont commis un massacre de femmes, d'enfants et de personnes âgées, tuant environ 2 800 personnes.
Après la prise de la ville d'Erzurum, dans l'est de l'Anatolie, par l'armée tsariste russe le 16 février 1916, les milices arméniennes ont emprisonné 587 habitants du village d'Ortabahce (Cinis) dans une mosquée et incendié le lieu de culte musulman, tuant tout le monde à l'intérieur. Il y a des témoignages sur ce massacre de la part des membres des familles des victimes qui ont vu les atrocités commises par les Arméniens. Selon des données officielles, 524 000 personnes ont perdu la vie à cause des meurtres de masse commis par les milices arméniennes contre la population turque dans l'est et le sud-est de l'Anatolie.
Proposition de la Turquie
Il est bien connu que lors de la réinstallation de la population arménienne depuis les zones de guerre pendant la Première Guerre mondiale, de nombreux Arméniens ont perdu la vie en raison d'épidémies, de la faim, de l'épuisement et des attaques de gangs en maraude - même si le gouvernement ottoman avait préparé des plans pour leur protection et l’approvisionnement alimentaire.
Cependant, l'aspect de la réinstallation est présenté dans une perspective pro-arménienne unilatérale, mettant l'accent uniquement sur le récit arménien et imputant une intention d'extermination aux responsables de la décision de réinstallation qui n'existait pas sous cette forme.
La Turquie a proposé à plusieurs reprises la création d'une commission mixte d'historiens pour enquêter sur les événements de la Première Guerre mondiale, mais cela a été rejeté par le gouvernement arménien.
En instrumentalisant et en politisant la réinstallation des Arméniens comme un événement historique, le ressentiment anti-turc est attisé, ce qui peut être utile aux politiciens dans les campagnes électorales ou aux groupes d'intérêt arméniens, mais n'est pas propice à une réévaluation honnête des souffrances historiques.
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