La greffe d'organes sauve des vies. Au fil des années, la Turquie a réussi à faire partie des destinations de choix pour la greffe d'organes à l’instar de la Corée du Sud, l’Europe et les Etats-Unis.

Deux chiffres clés du leadership de la Turquie sur la niche de pointe médicale de la greffe d’organes. Chaque année, ce sont plus de 1500 transplantations qui s’effectuent à travers un réseau de 40 centres de greffes agréés par le Ministère turc de la santé. Un indicateur de performance qui fait aujourd’hui de ce pays, à côté de la Corée du Sud, l’un des pays leaders au monde dans le domaine de la transplantation de rein, de foie, de cœur et de moelle osseuse avec des tarifs compétitifs comparativement à l’Europe et aux USA.

Le premier facteur explicatif de l’émergence de la Turquie dans la carte mondiale de greffe d’organes est d’ordre culturel. « La majorité des cas de transplantation se font entre personnes vivantes à cause de la faible adhésion de la population à la culture de dons d'organes. Un blocage de taille qui a encouragé les médecins spécialistes à dépasser les contraintes critiques liées aux opérations de dons d’organes entre donneur vivant et receveur malade », explique le professeur Koray Acarlı, l’un des médecins pionniers en Turquie dans ce domaine depuis les années 90.

Libéralisation du secteur de la santé et l’investissement dans le capital humain

Théoriquement, à travers le monde, les patients sont obligés d’attendre parfois des années pour bénéficier des prélèvements post mortem en vue d’une greffe en fonction des contraintes de la liste d’attente des banques d’organes. Une longue attente qui peut entraîner le décès même du patient à défaut de disponibilité des dons d’organes prélevés après la mort. A titre d’exemple, en Turquie, la liste de patients désireux de bénéficier de dons d’organes de rein, de foie et de cœur dépassent plus de 30.000 malades.

Outre la montée en compétence des médecins sur les cas de dons d’organes entre personnes vivantes, le système turc de sécurité sociale a boosté cette dynamique de démocratisation d’accès à la transplantation d’organes à travers la mise en place d’un système de remboursement et de prise en charge des dossiers de transplantation qui peut atteindre parfois 100 % comme c’est le cas de la greffe de foie. Une démarche volontariste qui a encouragé les hôpitaux privés à s’investir dans la mise en place de centres spécialisés dans la greffe compte tenu de l’explosion de la demande des patients, boostée par le système de prise en charge de la sécurité sociale.

Sur un autre registre, ce leadership médical est le résultat de deux autres leviers : le capital humain et la libéralisation du secteur de la santé. « La libéralisation du secteur depuis les années 90 a encouragé la dynamique des investissements publics et privés dans le secteur médical notamment à travers le déploiement de plusieurs villes médicales, de cliniques privées et l’ouverture de nouvelles facultés de médecine », explique, sur un ton optimiste, Hacim Çarıklı, responsable marketing de l’un des grands groupes hospitaliers en Turquie dont les centres de greffes réalisent plus de 700 transplantations par an.

Le renforcement du capital humain et la croissance soutenue du nombre des spécialistes de la greffe a été appuyé par des investissements privés importants au niveau des infrastructures techniques et médicales en vue d’offrir aux médecins et aux patients les meilleures conditions de réalisation et d’aboutissement de ses opérations de pointe et critique.

A rappeler qu’actuellement en Turquie, la greffe de foie coûte environ 65000 dollars contre 25000 dollars pour la greffe de rein. Des montants certes exorbitants mais qui peuvent changer la vie des patients obligés, à défaut de greffe de rein, de suivre à vie un traitement d’insuffisance rénale. L’enjeu à terme est d’encourager les dons d’organes pour rendre plus accessible les opérations de transplantation et permettre de sauver des vies.

TRT Francais