Sindbad présente Sindbad jeunesse, une collection conçue pour rendre accessible la langue arabe aux plus jeunes. Alors même que Sindbad –créée par Pierre Bernard et rachetée par Actes Sud en 1995- fête ses 50 ans, l’occasion de présenter un nouveau chapitre se formule. C’est sous la gouverne de Farouk Mardam-Bey que la collection se développe. Cette collection de littérature jeunesse bilingue arabe-français a pour vocation d’accompagner l’apprentissage et les premières lectures avec un mélange entre les deux langues autour de thèmes communs. Rencontre avec Charlotte Woillez, éditrice à Sindbad jeunesse.
Quelle est la genèse du projet ?
Nous avons commencé au courant 2019. Nous avions un désir de faire quelque chose autour de la littérature jeunesse arabe. Le covid a mis un gros coup de frein. Les livres sont ensuite sortis progressivement à partir du mois de septembre.
Pourquoi une édition jeunesse ?
Sindbad fonctionne presque comme une édition à part entière. Elle a une place particulière car il n’y a pas beaucoup de confrères qui s’investissent dans la langue arabe à ce niveau. Nous avons suivi le développement de la littérature jeunesse dans le monde arabe. Nous savons que c’est un secteur très porteur en France. C’est pour les enfants certes mais aussi pour des lecteurs un peu plus confirmés. Au fil des discussions, nous avons pensé que c’était plus parlant de proposer du bilingue. Il existe une autre édition, Le port a jauni, qui publie aussi des éditions bilingues. Avec nos illustrations, nous apportons également une autre lecture, un autre registre. Nous voulions donner à voir et à lire la langue arabe. Nous voulions placer les deux langues côte à côte, sous une forme d’échange.
Votre projet s’inscrit bien dans la durée ?
C’est une collection qui est vouée à perdurer. Nous sommes en pleine campagne de communication pour faire connaître nos livres. Nous avons tout un travail de sensibilisation, de mise en avant de la collection. Nous partons de zéro, avec l’appui de la maison mère certes, mais nous consolidons le développement de nos premiers quatre livres. Nous travaillons avec les acteurs habituels, les librairies, les écoles mais aussi les bibliothèques et médiathèques. J’ai rencontré plusieurs acteurs et on comprend pourquoi ce type de livres ont toute leur place. D’autres livres sortiront en 2023. Nous sommes également dans un contexte difficile pour les livres avec le prix du papier qui a explosé. Donc, forcément les albums sont plus élevés que ce qu’on aurait souhaité.
D’où viennent les traducteurs ?
Nous sollicitons les traducteurs, avec qui nous avions déjà travaillé. Mais ils doivent s’adapter au format jeunesse. Nous avons un album traduit du français à l’arabe, un autre de l’arabe au français, un roman du français à l’arabe et un conte de l’arabe au français. Le sens de lecture est pris en compte. Nous avons donc une autre approche du livre. Cela permet de sensibiliser les enfants pour les accompagner dans les premiers pas de la lecture dans un autre sens. Nous mettons les moyens pour un intérêt qui n’est non négligeable. Beaucoup, d’ailleurs, sont habitués avec la lecture du manga.
Vous êtes un peu la collection de la collection ?
Sindbad Jeunesse a sa place dans le catalogue jeunesse d’Actes Sud et de ses maisons associées. C’est un nouveau projet complet même si nous avions déjà quelques traductions en arabe dans la maison. Nous savons qu’il y a un besoin. Nous n’avons pas envie que la collection soit enfermée dans le domaine scolaire.
Vous optez pour une vocalisation particulière. Une langue à votre sauce ?
La vocalisation permet de faciliter la lecture et de comprendre le sens de certains mots. Nous avons appliqué une charte que nous avons-nous même travaillée avec nos équipes de traducteurs pour aider au mieux les apprenants. C’est un parti pris. Nous attendons des retours de nos lecteurs sur cet aspect de la langue également. Nous ne pouvions pas tout vocaliser. Il fallait trouver un juste milieu.