Youssra Zakarani: l'étoile marocaine de l'escrime en route pour les JO à Paris (TRT français) (Others)

7 janvier 1995, Lyon, naissance d’une Franco-Marocaine. Née de parents originaires de Casablanca, elle grandit dans une famille de trois filles et un garçon.

Très tôt, la fratrie tombe dans la marmite du sport, à la faveur d’une volonté des parents de leur offrir une vraie discipline dès le plus jeune âge. Pari réussi. "Mes deux grandes sœurs pratiquaient le judo et j’ai découvert l’escrime en allant les chercher avec ma mère, car dans le même complexe il y avait une salle d’escrime. J’avais 4 ans et je me faufilais toujours pour observer les escrimeurs s’entraîner", se souvient-elle.

Et il est des signes qui ne trompent pas ! Un an après, c’est la petite Youssra qui était sur les pistes. Une enfant qui s’avère très compétitrice et qui prend rapidement goût à la gagne. "J’étais souvent la plus jeune et la seule fille dans le cours mais aussi aux concours, mais cela ne m’a pas arrêtée, au contraire". Avant d’ajouter : "C’est ce qui a forgé mon mental et la sportive que je suis aujourd’hui".

Les JO, un challenge de tous les instants

Au fil des ans, l’enfant laisse place à l’athlète et la jeune femme gravit les échelons. Première escrimeuse marocaine qualifiée aux JO, cela n’a pas été une mince affaire. Quelques semaines avant le début de la compétition, nous retrouvons Youssra dans un petit café de la capitale économique avec son atèle et ses béquilles. Une blessure qui ne la décourage pas et qui lui donne la niaque pour aborder ce concours international le plus sereinement possible. Elle nous raconte son parcours et comment elle en est arrivée là.

"Maintenant je travaille, j’ai mes 37 heures à faire et je m’entraîne le soir. Ce qui m’anime, ce sont les objectifs que j’ai et jusqu’à maintenant c’était me qualifier aux JO de Paris, c’est un mode de vie d’allier les deux", nous confie celle qui évolue désormais dans le secteur de la communication.

Après sa qualification en 2016 à Rio, l’expérience lui a permis de rebondir. Elle ne considère d’ailleurs pas cette participation comme un coup d’épée dans l’eau : "Ces presque 10 ans m’ont permis d’apprendre et la preuve : malgré ma blessure, j’étais menée en demi-finale et j’ai pu garder mon calme et arriver à mettre les pushs pour me qualifier. Rien ne pouvait m’arrêter", raconte-t-elle.

Et si, pour elle, le plus important n’est pas la participation, elle reconnaît que cette qualification olympique représente énormément, "cette concrétisation de nombreuses années de travail avec des hauts, des bas, des frustrations, des déceptions, je suis fière de moi". Elle n’est d’ailleurs pas la seule à l’être. Sa famille et son entourage ne cessent d’évoquer les prouesses de la jeune femme. "Mes parents m’ont poussée, ils m’ont emmenée à chaque compétition tous les weekends. Je suis heureuse d’être là où j’en suis".

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"Ce sport m’a appris la rigueur, la confiance, tellement de choses… je pourrais en parler durant des heures. Beaucoup de valeurs, de principes et ça m’inspire encore. Je suis accompagnée par un préparateur mental qui m’aide et qui va me suivre durant les JO", un accompagnement primordial pour faire face au stress, notamment après sa fracture.

Passer au fil de l’épée

En plus du mental, Youssra peut compter sur son maître d’arme pour évoluer rapidement avant le Jour J. "Mon coach et moi, on répète plusieurs fois les actions diverses pour que ça rentre dans ma tête et que ça devienne des automatismes. On s’entraîne aussi en groupe et je m’entraîne enfin également en handisport sur fauteuil pour avoir plusieurs techniques et réflexes", raconte l’athlète à TRT Français.

"Mon jeu est différent des autres, je suis vraiment une battante et très bagarreuse sur la piste, je ne lâche rien. Je suis très agressive. C’est ce qui fait la distinction, même si je pense que j’ai plus de facilité en défense qu’en attaque. C’est un peu le paradoxe de mon jeu", relate la Marocaine. Et de lancer : "J’ai hâte d’être aux JO pour m’exprimer sur la piste".

"C’est mon pays, c’est bledi"

"J’étais en équipe de France jusqu’à mes 18 ans. Puis j’ai rencontré le président de la fédération marocaine, je ne savais même pas à cette époque qu’elle existait. Il m’a exposé ses projets, notamment développer le sport au Maroc et son discours m’a touchée. Je n’ai pas hésité une seconde. C’est mon pays, c’est bledi", revendique-t-elle fièrement.

Et le drapeau rouge et vert n’est pas le seul objet cher à son cœur. "Le fleuret fait partie intégrante de ma vie, de mon corps c’est un peu la prolongation de ma main", explique Youssra.

Le début d’une longue liste de rêves à réaliser

À travers ses réussites, Youssra n’a qu’une envie : prouver que rien n’est impossible. "On peut faire ce qu’on veut, faire des études et du sport ; on peut être une fille et faire du sport. Il n’y a pas de limites, ce sont nous qui fixons nos limites".

L’avenir, elle le voit prometteur et même si elle vise déjà 2028, elle ne cache pas qu’elle souhaite avant pouvoir fonder sa famille et donner du temps à ses autres hobbies. "J’ai une autre passion : la mode. Les vêtements, les accessoires, les bijoux, pour moi c’est une manière de s’exprimer et de se présenter aux autres, au monde. On peut être sportive et coquette à la fois, il n’y a aucune barrière à cela", poursuit la rebelle qui sommeille en elle.

Son mot de la fin : "J’espère qu’il y aura encore plus d’athlètes, que la délégation sera encore plus grande pour 2028 pour porter le drapeau marocain et décrocher des médailles". Un souhait qu’elle va d’ores et déjà pouvoir tenter de réaliser dans quelques jours à Paris.

TRT Francais