Le chef de l'opposition Ousmane Sonko prend la parole lors d'une conférence de presse à Dakar. Photo: Reuters (Others)

Un procureur du tribunal de Dakar a requis mercredi dix ans de réclusion criminelle pour viol contre l'opposant sénégalais Ousmane Sonko, absent d'un «procès manipulé » selon ce dernier par le pouvoir pour l'empêcher d'être candidat à la présidentielle en 2024.

Le jugement a été mis en délibéré et la décision est attendue le 1er juin, a indiqué dans la nuit de mardi à mercredi le président de la chambre criminelle dans un climat de haute tension politique.

La plaignante Adji Sarr avait maintenu la veille ses accusations, assurant avoir été violée à plusieurs reprises par M. Sonko dans un salon de beauté de la capitale où elle travaillait.

La jeune femme d'un peu plus de 20 ans a aussi rapporté les menaces de mort dont elle dit avoir fait l'objet, autre chef d'accusation retenu contre le président du parti Pastef-les Patriotes arrivé troisième de la présidentielle en 2019.

Sur ce volet de l'affaire, le parquet a requis un an d'emprisonnement ferme. La partie civile avait aussi réclamé 1,5 milliard de francs CFA (2,3 millions d'euros) à M. Sonko et à Mme Ndèye Khady Ndiaye, la patronne du salon de beauté.

- Défense absente -

M. Sonko, 48 ans, très populaire auprès de la jeunesse, a toujours réfuté les accusations dans les dossiers de viols présumés et de diffamation et crié au complot du pouvoir pour l'écarter de la présidentielle. Sa défense s'était retirée après avoir demandé en vain le report du procès.

Disant craindre pour sa sécurité, Ousmane Sonko a annoncé qu'il ne répondrait plus aux convocations de la justice sans garantie de l'Etat pour son intégrité physique. L'Etat n'a donné aucun signe d'avoir accédé à cette exigence.

M. Sonko est présumé se trouver à Ziguinchor (Sud), ville dont il est le maire et où il s'est retiré il y a plusieurs jours, à des centaines de kilomètres de Dakar. Ses partisans montent une garde étroite autour de son domicile pour parer une éventuelle tentative de l'amener de force au tribunal. Des heurts avec la police ont éclaté mardi soir, ont rapporté des médias proches de l'opposant.

Ce procès retentissant est l'épilogue d'un feuilleton qui tient le Sénégal en haleine depuis plus de deux ans. L'enjeu en est autant criminel que politique. L'éligibilité de M. Sonko et sa faculté de concourir en 2024 en dépendent.

Les rendez-vous de M. Sonko avec la justice dans cette affaire, et une autre de diffamation dans laquelle il vient d'être condamné et qui pourrait elle aussi le priver de ses droits électoraux, ont régulièrement donné lieu à des incidents et des affrontements.

Ses adversaires l'accusent de s'en remettre à la rue pour échapper à la justice, ou d'être un agitateur fomentant un projet "insurrectionnel".

AFP