Après Goma, Bukavu, capitale provinciale du Sud-Kivu est sous la menace du M23 et de son parrain Rwandais, suscitant les inquiétudes des Nations unies.
“Nous sommes très inquiets concernant la situation au Sud-Kivu, qui reste très volatile, avec des informations crédibles de l'avancée rapide du M23 vers la ville de Bukavu”, a déclaré dans la soirée Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU.
Riposte vigoureuse
Face à l'aggravation de la situation sécuritaire dans la région, le président congolais Félix Tshisekedi a toutefois refusé de s'avouer vaincu, assurant lors d'une allocution à la nation, mercredi, qu'une riposte vigoureuse est en cours.
"La situation reste tendue et volatile, avec des tirs occasionnels", mais la situation est globalement plus calme, a commenté de son côté le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU Jean-Pierre Lacroix lors d'une conférence de presse.
700 morts et 2.800 blessées
La situation humanitaire reste critique et Internet, l'eau courante et l'électricité sont toujours coupés, alors que la ville est sous la menace de la faim.
"L'Organisation mondiale de la Santé et ses partenaires, avec le gouvernement, ont mené une évaluation, entre le 26 janvier et hier, et rapportent que 700 personnes ont été tuées et 2.800, blessées", a déclaré Stéphane Dujarric, estimant que ces chiffres "devraient augmenter".
"Nous sommes inquiets, non seulement en ce qui concerne l'est de la RDC, mais si vous regardez le passé, cela risque de déclencher un conflit régional plus large", a-t-il insisté, évoquant notamment les vifs échanges diplomatiques entre le Rwanda et l'Afrique du Sud.
"C'est pour ça qu'il est de la plus haute importance que tous les efforts diplomatiques soient faits pour éviter cela et parvenir à une cessation des hostilités".
Dans ce contexte, la France, insistant sur l'importance d'une médiation diplomatique entre Kigali et Kinshasa pour sortir du conflit, a lancé, vendredi, des discussions avec les autres membres du Conseil de sécurité de l'ONU sur un projet de résolution.
"Nous avons besoin d'un message clair et fort du Conseil de sécurité sous la forme d'une résolution, demandant l'arrêt des actions en cours et demandant le retrait des éléments étrangers, et la reprise des discussions", a déclaré l'ambassadeur français Nicolas de Rivière, espérant que le texte pourrait être adopté "bientôt".
Le Conseil avait condamné, dimanche, le "mépris éhonté" de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo (RDC), réclamant le retrait "des forces extérieures" sans les nommer explicitement. Mais dans une déclaration non contraignante, contrairement à une résolution.
Les dirigeants de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), réunis vendredi lors d'un sommet extraordinaire à Harare, ont "réaffirmé" leur "engagement indéfectible à continuer de soutenir la RDC dans sa quête de sauvegarde de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale", selon leur communiqué.