Commune Vaucluse, dans le sud de la France, Mazan a été le théâtre de viols en série organisés par un mari sur sa femme pendant des années.
Cinquante et un hommes recrutés sur internet par le mari - principal accusé dans ce procès hors norme - sont jugés depuis le 2 septembre, pour la plupart accusés d'avoir violé Gisèle Pelicot, droguée par son mari, durant une période dix ans au domicile du couple.
"L’affaire Pelicot nous l’a prouvé, la violence masculine n’est pas une affaire de monstres, c’est une affaire d’hommes, de monsieur Tout-le-Monde", écrit le militant et thérapeute Morgan N. Lucas, à l'origine de cette tribune.
"Dire +tous les hommes+, c’est parler de violences systémiques perpétrées par tous les hommes, parce que tous les hommes, sans exception, bénéficient d’un système qui domine les femmes. Et puisque nous sommes tous le problème, nous pouvons tous faire partie de la solution", poursuit-il.
"Arrêtons de considérer que le corps des femmes est un corps à disposition (...); Arrêtons de nous regarder le nombril, d’inverser la charge victimaire (...); Arrêtons de penser qu’il existe une nature masculine qui justifierait nos comportements; Cessons de perpétuer les boys club, de protéger nos homologues masculins", énumère cette "feuille de route".
L'acteur et réalisateur français Gilles Lellouche, le dramaturge Alexis Michalik, le rappeur Vin’s, ou encore le soignant et écrivain Martin Winckler figurent parmi les 200 signataires, selon Libération.
Le procès des viols de Mazan, au fort retentissement médiatique, a vu la résurgence du mot clé #notallmen (#pastousleshommes) sur les réseaux sociaux.
Par cette expression, les internautes, majoritairement des hommes, entendent dénoncer toute généralisation, estimant qu'il s'agit avant tout d'un problème individuel et non systémique.
"Beaucoup disent que le procès des 51 violeurs est en réalité le procès de la masculinité. Beaucoup s’en offusquent, trouvant de bon ton de s’indigner parce qu'ils sont mis dans le même panier plutôt que de s'insurger face aux atrocités orchestrées par Dominique Pelicot et adoubées par tant d’autres hommes", déplore Morgan N. Lucas dans son texte.
Sans le nommer, le militant répond également aux propos de l'acteur Vincent Lindon qui demandait lors d'une interview sur France Inter en mai "une feuille de route" pour être un meilleur féministe.
"La voici, donnée par un homme aux autres hommes parce qu’il va falloir arrêter de demander aux femmes de nous mâcher le travail", écrit le thérapeute égrenant en dix points les changements attendus.