Emmanuel Macron s'obstine à mettre en œuvre la réforme des retraites, s'opposant ainsi à l'opinion publique, à tous les syndicats et à tous les partis d'opposition. Mais pourquoi le chef de l'Etat français refuse-t-il de répondre favorablement aux vœux des Français et crée-t-il autant de tensions dans le pays, suscitant les manifestations les plus importantes depuis plusieurs décennies ? Pourquoi cette réforme, qui vise à éviter un déficit hypothétique de quelques dizaines de milliards, est-elle si importante pour lui ?
“Le budget d’une nation, c’est comme celui d’un ménage”
Pour Macron, cette réforme des retraites "permettrait de créer davantage de richesses pour le pays”."Nous ne pouvons pas continuer à dire 'il y a une crise dans l'Éducation nationale, il y a une crise à l'hôpital, comment les financer ?”, expliquait le président français.
Avec l'explosion de la dette due à la mise en place de la politique du "quoi qu'il en coûte" pendant la pandémie de Covid-19, ainsi que les chèques distribués pour lutter contre l'inflation, en particulier dans le domaine de l'énergie, les marchés attendent de la France un retour à une gestion rigoureuse des finances publiques. Aux yeux du président français, il ne peut en être autrement, cette réforme doit aboutir.
“Dans l'ensemble, les gens savent qu'il faut travailler un peu plus longtemps”, avait affirmé le chef de l'État, toujours à Rungis, avant d’ajouter : “C'est comme le budget d'un ménage celui d'une nation. Si on ne produit pas de richesse, on ne peut pas la distribuer”.
Des “regrets” qui nourrissent l’impatience
Emmanuel Macron était déterminé à en finir cette réforme avant le printemps, afin d'entamer la deuxième phase de son quinquennat. Mais malgré le climat de tension dominant en France, le président français n’a jamais cherché le compromis avec ses contradicteurs et a toujours agacé l’opposition et l’opinion publique.
En recourant à l'article 49.3, Macron, qui cherchait à faire adopter cette réforme, a effectivement évité un vote de l'Assemblée nationale et gagné du temps, mais il a plongé le pays dans une deuxième vague de contestation qui dure depuis dix jours.
Si le chef de l'État est impatient de boucler ce projet et de l’inscrire dans les faits rapidement, c’est principalement en raison de l'échec de sa première tentative de réforme qui a été bloquée par des discussions compliquées et finalement abandonnée à cause de la pandémie de Covid-19."Au cours du premier quinquennat, nous avons engagé la réforme des retraites beaucoup trop tard. C'est un regret", confiait un ancien conseiller de l'Elysée.
Macron a réitéré ses ambitions lors de son interview télévisée sur France 2 et TF1 après avoir utilisé l'article 49.3. Le président a affirmé: "Nous devons avancer, car c'est l'intérêt supérieur de la nation", ajoutant qu'il était prêt à en subir l'impopularité que cela pouvait entraîner dans le pays.
Malgré toutes les tensions, il souhaite que la réforme des retraites “poursuive son chemin démocratique”, qu’elle puisse entrer en vigueur en France d'ici à la fin de l'année 2023, et assure comprendre la colère des Français.