Le tribunal s’oppose à l’expulsion d’Abdouramane Ridouane, président de la mosquée de Pessac / Photo: AA (AA)

Le tribunal judiciaire de Bordeaux a émis un avis défavorable à l’expulsion, vers le Niger, d’Abdouramane Ridouane, président de la mosquée de Pessac (Gironde), a annoncé mercredi son avocat, Maître Sefen Guez Guez dans un communiqué de presse.

Pour la commission chargée d’examiner la demande d’expulsion formulée par la Préfecture, "les publications Facebook de M. Ridouane - unique fondement utilisé par la Préfecture - ne démontrent pas que ce dernier aurait un comportement de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de l'Etat".

"C'est une première victoire satisfaisante pour le président de la mosquée de Pessac, qui salue le travail minutieux effectué par la commission", a expliqué Maître Guez Guez qui estime que "l’acharnement que subit la Mosquée de Pessac, par la Préfecture d'abord en 2022, dans une tentative ratée de faire fermer le lieu de culte, puis par l'extrême droite qui a encore vandalisé le lieu de culte le 26 mai dernier, doit cesser".

Dans son communiqué, le conseil considère enfin que "les temps troubles" qui sont vécus dans le pays, nécessitent "un vrai apaisement auquel le président de la mosquée de Pessac veut croire".

Pour rappel, Abdouramane Ridouane est visé par une procédure d’expulsion depuis début mai et assigné à résidence depuis fin mai.

Dans un entretien à Anadolu, son avocat soulignait qu’il était ciblé par les autorités en raison de "son attachement à la défense de la cause palestinienne et sa critique de la politique internationale de la France, y compris au Niger, son pays d'origine".

lire aussi: “On vit dans l’angoisse”: à Cherbourg, la communauté musulmane est inquiète

Pour justifier son assignation à résidence, les services préfectoraux se sont notamment basés sur plusieurs éléments dont le passage de la flamme olympique à Bordeaux, et les Jeux Olympiques. Il lui est également reproché d’avoir publié en ligne une caricature dénonçant une forme de deux poids deux mesures dans le traitement réservé aux Palestiniens par rapport à celui réservé aux Ukrainiens.

Maître Guez Guez ne manque pas de rappeler que ce n’est pas la première fois que son client et la mosquée de Pessac s’opposent à l’administration puisqu’en 2022, le ministère de l’Intérieur avait tenté de faire fermer le lieu de culte, avant que la mesure ne soit rejetée par le tribunal administratif de Bordeaux puis par le Conseil d’Etat.

"Cet acharnement n'est qu'une illustration de plus de la volonté des pouvoirs publics de faire taire toute voix contestataire dans une logique d'affichage à l'approche des élections européennes" estimait à cet effet l’avocat niçois.

Et de conclure: "Fort des deux décisions rendues en sa faveur par la justice administrative, Mr Ridouane est plus que déterminé à faire valoir ses droits et a mandaté le cabinet pour assurer sa défense devant la commission et les juridictions administratives".

Pour rappel, fin 2022, Mediapart révélait que le ministère de l’intérieur avait établi une liste de nombreux imams à expulser.

Dans le même temps, Gérald Darmanin reconnaissait à l’antenne de BFMTV qu’un peu "moins d’une centaine de personnes" pourrait être ciblées comme l’a été l’imam Hassan Iquioussen.

À titre d’exemple, l’ancien cadre de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), Ahmed Jaballah, rencontrait, depuis trois ans, de grandes difficultés pour obtenir le renouvellement de son titre de séjour, avant de quitter l’hexagone de son propre chef.

C’est dans la même logique qu’Abdouramane Ridouane, est depuis des années, concerné par des difficultés liées au renouvellement de son titre de séjour, alors qu’il lui a toujours été octroyé lors de précédentes échéances.

AA