Le premier procès en France sur les crimes du régime de Bachar Al-Assad s'est ouvert, ce mardi, devant la cour d'assises de Paris.
Trois hauts responsables syriens, soupçonnés d'avoir joué un rôle dans la mort de deux Franco-Syriens, Mazen Dabbagh et son fils, Patrick Dabbagh, sont jugés jusqu'à vendredi par défaut, notamment pour complicité de crimes contre l'humanité.
En octobre 2016, Obeida Dabbagh – respectivement frère et oncle des victimes –, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et la Ligue des droits de l’Homme (LDH) ont saisi la justice française à la suite de la disparition de Patrick et Mazen Dabbagh en Syrie. Ils sont activement soutenus dans leur démarche par le SCM, le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression.
Mazen Dabbagh, né en 1956, officiait en tant que conseiller principal d’éducation à l’École française de Damas. Son fils Patrick, né en 1993, était, quant à lui, étudiant à la faculté de lettres et sciences humaines de Damas.
Les deux hommes ont été incarcérés par les autorités syriennes en novembre 2013 au centre de détention de l’aéroport militaire de Mazzé, lieu réputé pour la férocité de ses séances de torture et ses conditions de détention épouvantables.
Durant plusieurs années, leur famille n’a aucune nouvelle de leur sort. Il faudra attendre juillet 2018 pour que des certificats de décès soient émis par les autorités syriennes. Selon ces documents, Patrick Dabbagh serait mort en janvier 2014 et son père Mazen, en novembre 2017.
Patrick et Mazen Dabbagh étaient tous deux Franco-Syriens. La citoyenneté française des victimes a permis l’ouverture d’une information judiciaire en France.
Après plusieurs années d’enquête, les juges d’instruction du pôle crimes contre l’humanité du tribunal judiciaire de Paris ont ordonné, le 29 mars 2023, la mise en accusation devant la cour d’assises de trois hauts responsables du régime syrien.
Les trois hauts responsables poursuivis sont : Ali Mamlouk, ancien chef du Bureau de la sécurité nationale, la plus haute instance de renseignement en Syrie, Jamil Hassan, ex-directeur des très redoutés services de renseignements de l'armée de l'air et Abdel Salam Mahmoud, ancien directeur de la branche investigation de ces services.
Ils sont accusés de complicité de crime contre l’humanité et de délits de guerre dans cette affaire. Ils sont également visés par des mandats d'arrêt internationaux.
Un procès historique
Il s’agit du premier procès organisé en France visant des responsables syriens pour crimes contre l’humanité et délits de guerre, mais aussi du premier procès visant, à l’échelle internationale, des personnes de rangs aussi élevés au sein de l’administration syrienne.
Des procès sur les exactions du régime syrien ont déjà eu lieu ailleurs en Europe. Mais les personnes poursuivies étaient de rang moins important et assistaient aux audiences.