L’octroi du précieux statut de membre à part entière de l’Alliance continue de susciter des réticences, notamment chez l’Allemagne, à cause de ses retombées stratégiques immédiates.
L’enthousiasme manifesté par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dès son élection, à rejoindre l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord et les messages bienveillants adressés par les dirigeants occidentaux dans ce sens, étaient en effet l’une des raisons invoquées par le Kremlin pour lancer sa campagne militaire en Ukraine.
Zelensky, l’irréductible européen
Le président ukrainien vient de réclamer de nouveau l’ancrage définitif de son pays au bloc occidental, pour lequel il a payé le prix cher. "Notre futur est dans l'UE. L'Ukraine est prête à rejoindre l'Otan", a déclaré Zelensky en visite en Moldavie qui accueille le sommet de la Communauté politique européenne (CPE).
"Nous soutenons la Moldavie et son peuple qui sont intégrés dans l'UE. Vous avez soutenu notre peuple, nos réfugiés qui ont fui le pays dans les premiers jours de la guerre et nous ne l'oublierons jamais", a-t-il ajouté, aux côtés de la présidente moldave, Maia Sandu.
Près de 50 dirigeants européens participent au sommet qui se tient à Chisinau, à une vingtaine de kilomètres des frontières ukrainiennes.
Le président ukrainien s’est engagé à plaider devant le sommet européen pour la livraison d'avions de chasse à son pays pour l’aider dans sa guerre avec la Russie.
Les diplomates en conclave
Même son de cloche de l’autre côté de l’Europe, à Oslo, où le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, a déclaré que le moment était venu pour les membres de l'Otan de trouver une réponse concrète à la question de savoir comment l'Ukraine pouvait devenir membre de l'alliance militaire.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Jose Manuel Albares, a lui aussi tenu à promouvoir la cause ukrainienne devant les chefs de la diplomatie européenne, réunis dans la capitale norvégienne.
L'Ukraine doit recevoir un message politique fort de soutien concernant sa demande d'adhésion à l'OTAN, a insisté Albares.
Ces prises de position font écho aux propos du président français Emmanuel Macron qui a réclamé mercredi l'octroi de garanties de sécurité "tangibles et crédibles" à l'Ukraine, en attendant son adhésion à l'Otan.
Macron a plaidé pour une Europe plus téméraire et engagée dans les questions de la défense au sein de l’Alliance, en dépit des inquiétudes exprimées par des pays d'Europe centrale et de l'Est.
Lors d'un discours au Forum de sécurité régional Globsec à Bratislava, il avait invité l'Union européenne à "repenser" sa gouvernance et "inventer" d'autres "formats" afin de pouvoir intégrer plus vite les candidats l'adhésion, des Balkans à l'Ukraine et la Moldavie.
"Pas si vite", dit Berlin
Moins emportée par la conjoncture, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock est, quant à elle, pour la tempérance pragmatique.
"La politique de la porte ouverte de l'OTAN reste en vigueur, mais il est clair que nous ne pouvons pas parler d'accepter de nouveaux membres (qui sont) en pleine guerre", a-t-elle déclaré à la presse en marge de la réunion.
La ministre allemande a, par contre, manifesté le souhait de voir l’Otan accueillir la Suède comme nouveau membre au sommet de Vilnius en Juillet.