Naufrage de migrants en Grèce: appel d'eurodéputés à une enquête "indépendante" / Photo: Reuters (Reuters)

Le drame "pourrait avoir fait 600 morts", selon la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson.

Jusqu'à présent 82 corps ont été retrouvés. Une centaine de migrants ont survécu au naufrage de ce chalutier vétuste et surchargé parti de Libye, transportant des centaines de personnes, l'un des pires drames de ce type en Méditerranée.

Des poursuites ont été engagées en Grèce contre neuf Egyptiens, passeurs présumés, placés en détention. Une enquête est aussi menée par le Tribunal naval grec sur le rôle des garde-côtes du pays, accusés par des rescapés d'avoir manqué de volonté pour les sauver, voire d'avoir provoqué le naufrage en tentant de tracter leur embarcation avec une corde.

Mais, lors d'une audition d'Ylva Johansson et du directeur exécutif de l'agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes Frontex, Hans Leijtens, des parlementaires européens ont exprimé leurs doutes sur la "crédibilité" d'une telle enquête.

La commission des Libertés civiles a appelé les autorités grecques et la Commission européenne à "établir de manière urgente une enquête internationale indépendante et transparente" afin "d'examiner l'action des autorités grecques et de Frontex, et leur conformité avec le droit européen et international", a indiqué l'eurodéputée allemande Birgit Sippel (Socialistes&démocrates), qui présidait la séance.

"Il est très naïf de dire : les autorités grecques vont s'occuper de cela, nous pouvons leur faire confiance", a déclaré l'élue néerlandaise Sophie in't Veld (Renew Europe, centristes et libéraux).

Elle a appelé la Commission européenne à "exercer une pression politique sur la Grèce pour permettre une enquête internationale indépendante avant que les preuves ne soient détruites".

La commission parlementaire suggère que cette enquête soit conduite par une autorité comme la commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, évoquant aussi le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme des migrants, selon une lettre publiée lundi sur Twitter par l'eurodéputée néerlandaise Tineke Strik (Verts).

Hans Leijtens a quant à lui rappelé qu'un avion puis un drone de Frontex avaient survolé l'embarcation de migrants avant son naufrage, ajoutant que l'agence avait "proposé de l'aide, mais qu'il n'y avait pas eu de réponse des autorités grecques".

Egalement présent jeudi au Parlement européen, le directeur de l'Agence des droits fondamentaux de l'UE, Michael O'Flaherty, a présenté un rapport consécutif à cette tragédie, recommandant également de mettre en place une "enquête appropriée" et "indépendante".

AFP