Le chef de la diplomatie française ne va pas jusqu’à reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental mais le curseur a bougé. Stéphane Séjourné parle d’un “enjeu existentiel” pour le Maroc en ajoutant qu“il est temps d’avancer.”
Le Sahara occidental est une ancienne colonie espagnole contrôlée par le Maroc mais réclamée par un mouvement indépendantiste, le Front Polisario, soutenu par l'Algérie.
Si le ministre français des Affaires étrangères a réitéré le soutien "clair et constant" de Paris au plan d’autonomie marocain du Sahara occidental, Stéphane Séjourné promet également un “partenariat d’avant-garde” entre les deux pays pour les 30 ans à venir. Il assure que la France accompagnera le développement du Sahara en ”appui des efforts marocains”. Les investissements réalisés par le royaume dans la région ont même été soulignés par le diplomate français. Le ministre marocain des Affaires étrangeres Nasser Bourita a qualifié la France de " partenaire distingué du Maroc sur les plans politiques, économique et humanitaire".
Pour le politologue marocain Driss Aissaoui, c’est un jour important dans les relations bilatérales entre la France et le royaume chérifien. “C’est un événement extraordinaire, et les déclarations du ministre français sont très bien perçues par le Maroc. La brouille est derrière nous.” Les déclarations du ministre français sont d'autant plus appréciées que Stéphane Séjourné était considéré comme hostile au Maroc. Lorsqu'il était député européen, il a travaillé à la résolution du Parlement européen qui condamnait le royaume pour ”violation des droits humains.”
En parallèle, le président Macron est pris en étau. Lors d’une visite au Maroc, Eric Ciotti, le président du parti Les Républicains a soutenu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. A l'autre bout de l'échiquier politique, le président de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a en octobre 2023 brisé une tradition de la gauche française en appuyant la proposition du Maroc sur le Sahara Occidental, appelant la France à se repositionner.
Depuis 2021, les deux pays au mieux s'ignoraient et Emmanuel Macron n’a toujours pas effectué de visite d’État officielle. Au cœur de cette discorde le rapprochement de Paris avec Alger sans oublier la position timorée de la France sur le Sahara Occidental. Ces tensions ont également été alimentées par la restriction dans l’octroi des visas accordés aux Marocains, le scandale de l’espionnage de téléphones via le logiciel Pegasus. Pour finir, le Maroc s’est passé de l’aide de la France lors du tremblement de terre qui a secoué le pays en septembre 2023.
Force est de constater que le ton a changé ce lundi 26 février à Rabat à tel point que les milieux diplomatiques n’excluent plus une visite d’État d'Emmanuel Macron au Maroc dans les prochains mois.