Macron entame une visite d'Etat de trois jours au Maroc / Photo: AFP (AFP)

Accompagné par son épouse Brigitte Macron et une pléthorique délégation de ministres, patrons d'entreprise, intellectuels ou personnalités du spectacle, le président français a été salué à sa descente d'avion à l'aéroport de Rabat-Salé par une longue poignée de main du roi Mohammed VI. Le prince héritier Moulay Hassan et le prince Moulay Rachid, frère du roi, étaient aussi présents, au son de la fanfare de la garde royale et de 21 coups de canons.

Les deux chefs d'Etat doivent ensuite rejoindre à bord d'une voiture d'apparat le palais royal à travers les rues de Rabat, la capitale marocaine, pavoisées aux couleurs de la France et bordées d'une foule nombreuse.

Après une cérémonie solennelle d'accueil place du Mechouar, ils auront un tête-à-tête suivi de la signature d'accords sur l'énergie, l'eau, l'éducation et la sécurité intérieure.

"Nous entendons refonder (notre relation) mais aussi nous projeter dans les décennies qui viennent", en plaçant la "barre très haut", a esquissé le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot dans l'hebdomadaire français La Tribune Dimanche.

"Visite historique", écrit l'éditorialiste du journal arabophone marocain Assabah, Khalid El Hourri. "Des sujets difficiles seront abordés, notamment la question de l'immigration devenue une obsession en France (...) mais cette discussion difficile est surmontable", renchérit Mokhtar Laghzioui dans le quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Pas moins de neuf ministres sont du voyage, dont ceux de l'Intérieur Bruno Retailleau, de l'Economie Antoine Armand, de l'Education nationale Anne Genetet et de la Culture Rachida Dati, d'origine marocaine.

Les dirigeants des groupes français Engie, Alstom, Safran, TotalEnergies, CMA CGM, Suez, Veolia et Thalès Alenia Space seront présents.

Le monde culturel franco-marocain sera aussi à l'honneur, des écrivains Tahar Ben Jelloun et Leïla Slimani à l'humoriste Djamel Debbouze et l'acteur Gérard Darmon.

"Cause sacrée"

Les deux dirigeants entendent tirer un trait sur une série de contentieux, des soupçons d'écoutes téléphoniques d'Emmanuel Macron à la diminution par deux du nombre de visas accordés aux Marocains en 2021-2022 pour pousser Rabat à reprendre ses ressortissants en situation irrégulière expulsés de France.

La priorité donnée par le président français à l'Algérie après sa réélection en 2022 avait aussi jeté un froid.

Après la reconnaissance de la “souveraineté du Maroc” sur ce territoire par Washington, Rabat a multiplié les pressions sur la France pour qu'elle en fasse autant.

Ces multiples secousses ont sans cesse conduit à repousser la visite d'Etat d'Emmanuel Macron, envisagée initialement pour le début 2020, après un premier déplacement en 2017 et un autre en 2018.

Le président français a finalement opté en juillet pour un réchauffement avec le Maroc, où la France compte d'importants intérêts économiques, en se déclarant pour une solution au Sahara occidental "dans le cadre de la souveraineté marocaine".

Contrats

Rabat espère que ce réalignement de la position française va se traduire par des investissements sonnants et trébuchants dans ce pays aux énormes ressources halieutiques, solaires, éoliennes et en phosphates.

La visite pourrait aussi donner lieu à une pluie de contrats, même si les deux parties sont restées discrètes sur les négociations.

Airbus Helicopters pourrait ainsi vendre 12 à 18 Caracal aux Forces armées marocaines, selon des sources concordantes.

La France espère aussi rester le prestataire privilégié du Maroc pour l'extension de la ligne de train à grande vitesse entre Tanger et Agadir, après l'inauguration en grande pompe du premier tronçon en 2018.

Sur l'immigration, le nouveau gouvernement français veut contraindre le Maroc à reprendre ses ressortissants arrêtés en situation irrégulière. Mais après la crise des visas, Paris promet d'avancer dans un esprit de dialogue.

"Dans les pays d'origine de l'immigration en France, le Maroc est à la première place", a souligné l'ex-préfet et figure du parti de droite Les Républicains Patrick Stefanini sur la chaîne BFMTV, tout en espérant que cette visite ne se traduise pas non plus "par une dégradation forte de nos relations avec l'Algérie".

Agences