Ces échanges impliquant des figures influentes de la chaîne révèlent une manipulation médiatique coordonnée pour orienter les informations diffusées en faveur de l’ancien président, particulièrement dans le contexte de l’affaire libyenne où il a été une nouvelle fois mis en examen en octobre 2020.
Les messages révèlent que Marc-Olivier Fogiel, patron de BFMTV, et la journaliste Ruth Elkrief, ont activement collaboré avec l’équipe de communication de Nicolas Sarkozy pour le dédouaner des accusations qui pesaient sur lui dans l’affaire libyenne.
Dans un SMS, Ruth Elkrief assure à Véronique Waché, la chargée de communication de Sarkozy : “Je suis à votre disposition, on peut monter ce que vous voulez.”
De son côté, Marc-Olivier Fogiel, directeur général de BFM, ajoute quelques minutes plus tard : “Tu peux m’appeler ? Bises Marco.” “Je voudrais qu’on se cale.” avant de programmer une émission avec Ziad Takieddine, l’un des principaux accusateurs de Sarkozy.
En novembre 2020, Ziad Takieddine affirme se rétracter de ses accusations contre Nicolas Sarkozy, mais il sera révélé plus tard qu’il a été payé des millions d’euros pour disculper l’ancien président.
Véronique Waché se félicite de cette émission “décisive” pour Sarkozy, pointant une connivence flagrante entre la chaîne et l’équipe de communication de l’ancien président.
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Mais ce n’est pas tout. Après la fausse rétractation de Takieddine, Marc-Olivier Fogiel et Ruth Elkrief reprennent contact avec Véronique Waché, cette fois pour organiser un entretien avec Nicolas Sarkozy afin qu’il revienne sur les déclarations de Takieddine.
Ruth Elkrief contacte directement Sarkozy pour organiser l’interview, qui est ensuite diffusée le 13 novembre. Durant cet entretien de quarante-cinq minutes, Sarkozy exprime sa “colère froide” et questionne si la France est encore “un État de droit et une démocratie” alors qu’”une information judiciaire a été ouverte [...] sur la seule foi des allégations de cet individu (Ziad Takieddine)”.
L’interview est largement reprise dans les médias. Les dirigeants de BFMTV, notamment Arthur Dreyfuss, directeur général d’Altice Media, propriétaire de la chaîne, s’assurent que Sarkozy est satisfait de l’entretien.
Il écrit à Véronique Waché : “Ruth et Marco très satisfaits. J’espère que toi et le chef aussi”. Ce à quoi elle répond : “Oh super !!! Oui tout s’est très bien passé ! Important moment me semble-t-il !”.
Ruth Elkrief demande également des retours à Waché : “Ça va ? Vous avez de bons échos?”, recevant une réponse enthousiaste : “Excellent !!! Merci ma chère Ruth ! Émission décisive pour nous.”
Les révélations de ces SMS ont provoqué un tollé au sein de BFMTV. Les organisations syndicales de la chaîne se disent “consternées et stupéfaites” par ces pratiques, la crédibilité de Ruth Elkrief et Marc-Olivier Fogiel, et d’autres personnalités de la chaîne étant sérieusement mise en cause.