Les pays baltes ont réclamé vendredi la mise en place d'un tribunal spécial pour juger les "crimes d'agression" contre l'Ukraine commis par la Russie, reprenant ainsi une demande de Kiev, au second jour d'un sommet des Vingt-Sept à Bruxelles.
"Nous devons absolument discuter de la réponse légale aux crimes d'agression qui ont été commis, et de la mise en place d'un tribunal spécial pour les poursuivre", a déclaré la Première ministre estonienne Kaja Kallas.
"Les crimes de guerre sont du ressort de la Cour pénale internationale, mais les crimes d'agression ne peuvent être jugés que par un tribunal spécial, et je pense que l'Union européenne pourrait être un leader pour aller dans ce sens", a-t-elle poursuivi.
"Nous avons entendu hier le président ukrainien parler des actes terroristes que la Russie commet en Ukraine", a-t-elle ajouté, au lendemain d'une intervention de Volodymyr Zelensky par visioconférence au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE.
Le Premier ministre letton Krisjanis Kariņs a aussi appelé l'Europe à rester unie "pour soutenir l'Ukraine, non seulement pour condamner la Russie, mais pour commencer à travailler en direction d'un tribunal afin que la Russie rende des comptes pour les atrocités qu'elle commet actuellement en Ukraine".
Les deux pays, conjointement avec la Lituanie, avaient déjà appelé mi-octobre l'UE à aider l'Ukraine à mettre en place une telle juridiction, qui serait "complémentaire" de la CPI.
La République tchèque, qui exerce la présidence semestrielle du Conseil de l'UE, s'était aussi prononcée en faveur de la création d'un tribunal spécial, après la découverte de centaines de corps enterrés près d'Izioum, ville reprise aux Russes dans l'est de l'Ukraine.
Les Vingt-Sept n'ont pas de position commune sur la création d'un tel tribunal spécial, réclamé à plusieurs reprises par Volodymyr Zelensky.
Le commissaire européen à la Justice Didier Reynders avait estimé la semaine dernière qu'il fallait "d'abord utiliser au maximum tous les outils existants": les services du procureur général ukrainien, les investigations menées par 14 Etats membres et les enquêtes de la CPI.
Il avait aussi demandé aux autorités ukrainiennes "de ratifier le statut de Rome, de participer officiellement à la CPI pour qu'on puisse débattre alors d'autres solutions éventuelles".