La visite intervient après neuf mois de guerre menée par Israël sur l’enclave assiégée de Gaza, qui ont crispé les relations entre Israël et les Etats-Unis, son premier allié et soutien indéfectible.
Washington s'est agacé ces derniers mois des conséquences de l’offensive militaire israélienne, insistant régulièrement sur la protection des civils à Gaza et l'entrée de l'aide humanitaire.
Avec le Qatar et l'Egypte, Washington tente également de relancer les négociations pour un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
"Il est essentiel de s'assurer qu'on a un plan en place, ce sur quoi on travaille chaque jour, avec les partenaires arabes, avec Israël, (...) pour la gouvernance, la sécurité, l'aide humanitaire, la reconstruction" de Gaza, a expliqué, vendredi, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.
"Et j'imagine que les discussions avec le Premier ministre (israélien) vont se concentrer autour de ça", a-t-il ajouté lors d'un forum sur la sécurité à Aspen, aux Etats-Unis.
Lors de sa visite, d'une durée encore incertaine, Netanyahu devrait rencontrer le président Joe Biden, mardi, selon un communiqué publié, dimanche, par le bureau du Premier ministre israélien.
"L'atmosphère n'a jamais été aussi tendue (...) en particulier entre la Maison Blanche et le Premier ministre israélien", commente Steven Cook, spécialiste du Moyen-Orient au cercle de réflexion américain Council on Foreign Relations.
"Nous sommes avec Israël"
Ce n'est d'ailleurs pas à l'invitation de la Maison Blanche mais à celle des chefs parlementaires républicains et démocrates que Netanyahu se rend à Washington, où il doit s'exprimer devant le Congrès le 24 juillet courant.
"Je suis ravi du privilège de représenter Israël devant les deux chambres du Congrès et de leur dire la vérité sur notre guerre juste contre ceux qui cherchent à nous tuer", avait-il déclaré, début juin, après avoir été convié.
Dans leur invitation, les quatre chefs de la Chambre des Représentants et du Sénat ont écrit : "Nous sommes avec l'Etat d'Israël dans sa lutte contre le terrorisme, notamment en ce moment où le Hamas retient toujours captifs des citoyens américains et israéliens et que ses chefs mettent en danger la stabilité régionale".
Le déplacement intervient alors que la pression internationale s'accentue sur Israël, en raison du bilan humain de la guerre (plus de 38.900 morts dans la bande de Gaza, dont une majorité de civils, selon des chiffres du ministère de la Santé de Gaza), mais aussi de la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée.
Vendredi, la Cour internationale de Justice (CIJ), la plus haute juridiction de l'ONU, a jugé "illicite" la présence continue d'Israël dans le territoire palestinien occupé (Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est et bande de Gaza), estimant que celle-ci devait cesser "dans les plus brefs délais".
Le 20 mai dernier, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) avait demandé des mandats d'arrêt, notamment contre Netanyahu, pour des crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés dans la bande de Gaza.
- "Pas de voyage sans accord"
Sur le conflit à Gaza, Washington met l'accent sur l'après-guerre.
"Ce qui sera important lorsqu'on l'aura (un cessez-le-feu), ce sera de s'assurer qu'il y a un plan clair pour l'après", a encore déclaré M. Blinken, vendredi.
"Ce dont on ne veut pas, c'est un accord suivi d'une sorte de vide", qui finira par être rempli "soit par un retour du Hamas, ce qui est inacceptable, soit par la prolongation par Israël de l'occupation ce qui (...) est inacceptable aussi", a-t-il ajouté.
Le déplacement sera scruté en Israël, où les familles des otages toujours détenus à Gaza réclament un accord en vue de leur retour par le biais de manifestations quasi-quotidiennes.
"Pas de voyage (à Washington) sans accord préalable", ont encore scandé des centaines de proches lors d'un rassemblement, mercredi, à Tel-Aviv.
"C’est une visite que Netanyahu voit avant tout comme un moyen de redorer son blason auprès des Israéliens, en se montrant comme le seul leader capable de s'adresser au Congrès américain", estime Michael Horowitz, expert en géopolitique pour la société de conseil en sécurité Le Beck.